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La gestion du risque humain dans l’actuariat : l’importance des soft skills chez les managers

Dans le domaine dynamique de l’assurance, de la gestion des risques et de la data science, les actuaires occupent un rôle central grâce à leurs compétences techniques inégalées.

Au fil de leur carrière, certains ont l’opportunité d’accéder à des postes de management. Cette transition peut sembler intimidante, d’autant plus que l’image de l’actuaire est souvent associée à l’introversion. De plus, évoluer vers des responsabilités managériales ne repose pas uniquement sur la légitimité gagnée grâce à ses compétences techniques. En effet, cette métamorphose professionnelle, bien que prometteuse, se confronte à un défi majeur : l’écart souvent observé entre les compétences techniques et les compétences interpersonnelles. C’est dans cette perspective que cet article se propose d’explorer les compétences non techniques, ou « qualités interpersonnelles », indispensables pour les actuaires accédant à des postes de responsabilité managériale.

Nous allons explorer quatre compétences essentielles pour les actuaires assumant des responsabilités managériales : l’intelligence émotionnelle, la capacité à embrasser le changement, la communication et la pédagogie et la propension à l’apprentissage. Enrichi par les conseils éclairés de notre experte en recrutement Marie-Hélène Petit, notre article tente d’éclairer les actuaires en transition vers des postes managériaux sur l’importance cruciale de ces compétences. En comprenant et en intégrant ces aptitudes à leur arsenal professionnel, les actuaires-managers pourront ainsi mieux naviguer dans ce paysage professionnel en mutation, renforçant à la fois leur leadership et la performance de leurs équipes.

L’intelligence émotionnelle

Comme dans bien d’autres domaines, l’intelligence émotionnelle joue un rôle essentiel lorsque la gestion d’équipe est au coeur du métier.  Dans le domaine complexe de l’actuariat, de la gestion des risques ou encore de la data science, les managers doivent inspirer et motiver leurs équipes autour de sujets très techniques. Être en possession de compétences émotionnelles solides permet à ces derniers de comprendre les émotions et les besoins individuels des membres de l’équipe, renforçant ainsi les relations interpersonnelles et favorisant la cohésion.

En outre, l’intelligence émotionnelle permet une communication plus efficace entre le manager et ses équipes, car ce dernier peut adapter le style de la communication aux besoins émotionnels de chacun de ses collaborateurs. Cette qualité interpersonnelle facilite également la prise de décision car les aspects sociaux et émotionnels des différents membres de l’équipe sont pris en compte, générant ainsi des décisions répondant aux besoins de l’équipe.

Enfin, l’intelligence émotionnelle permet d’aborder les conflits avec constructivité dans un environnement professionnel en perpétuelle évolution, créant ainsi un environnement de travail sain et productif.

« Faire et faire faire, ce n’est pas la même chose. L’un concerne l’aspect technique du métier, et l’autre se concentre sur l’aspect humain. »

Pour Marie-Hélène, cette compétence amène à se poser la question des émotions. L’intelligence émotionnelle sert de baromètre afin de pouvoir mesurer dans quelle mesure les équipes sont disposées émotionnellement et motivées afin de pouvoir faire ce qu’il leur est demandé de faire. Selon Marie-Hélène, l’intelligence émotionnelle est également indispensable pour un manager d’équipe afin de s’adapter au profil de chaque membre de l’équipe, car cette dernière est constituée de profils techniques et de personnalités différents. L’objectif est de pouvoir mesurer cette différence pour adapter le traitement de l’équipe en conséquence.

Manager une équipe n’est pas inné pour tous mais en l’absence d’intelligence émotionnelle, il est difficile de bien gérer ses équipes car cette qualité favorise des relations harmonieuses, des décisions éclairées et une gestion professionnelle des défis interpersonnels au sein de l’équipe.

 

La capacité à embrasser le changement

La capacité à embrasser le changement semble être une qualité interpersonnelle essentielle dans un secteur où le changement et les nouvelles tendances sont monnaies courantes.  Cependant, le changement peut également venir d’une décision interne, comme lorsqu’il s’agit d’un changement organisationnel. C’est pourquoi, la capacité à embrasser le changement implique deux axes essentiels : l’adaptabilité et l’innovation.

Tout d’abord, l’adaptabilité est impérative dans le secteur de l’assurance. Les managers doivent dès lors être capables d’ajuster leurs stratégies et leurs approches en fonction des évolutions des tendances de l’industrie, des réglementations en vigueur, des technologies émergentes, mais aussi lorsqu’il est nécessaire de revoir la structure et l’organisation de l’équipe. Être ouvert et s’adapter au changement leur permet de modifier rapidement leurs plans et les processus pour s’aligner sur les nouvelles exigences et la nouvelle méthode de travail, assurant ainsi la pérennité et la flexibilité des équipes.

L’innovation est un autre pilier de cette capacité à embrasser le changement, qui est intimement liée au premier axe mentionné. Encourager une réflexion innovante au sein des équipes actuarielles favorise l’émergence de solutions créatives face aux défis émergents. Les équipes ouvertes aux nouvelles idées et méthodologies sont plus à même de trouver des approches novatrices, renforçant ainsi l’innovation au sein de l’équipe et la propension à trouver des solutions aux problèmes inédits qui se présentent à eux.

Selon Marie-Hélène Petit, le futur manager doit maintenir un équilibre instable, car il doit à la fois rassurer les équipes, assurer une continuité des activités et une pérennité opérationnelle tout en ayant une propension bien équilibrée au changement pour optimiser le potentiel de ses équipes et les amener à atteindre ses objectifs avec toutes les clés en mains. Il doit s’adapter à la nature du changement, qui peut être organisationnel ou conjoncturel, ou doit parfois même en être l’initiateur.

« Quand il y a un changement organisationnel au sein d’une équipe, par exemple lié au départ d’un collaborateur, le manager se doit d’impulser le changement. Il doit prendre en compte les membres de son équipe et avoir l’assertivité de dire que le changement doit être impacté. »

Combiner adaptabilité et innovation permet aux managers de garantir ainsi la réussite et la croissance continue de leur équipe dans un environnement professionnel en constante évolution.

 

La communication

Posséder de bonnes compétences en communication est une qualité très recherchée dans le domaine actuariel, et ce, pas seulement pour les futurs managers. Cependant, la capacité à communiquer clairement ne peut être sous-estimée, que ce soit envers les cadres supérieurs ou envers les équipes.

En effet, les managers d’équipes actuarielles sont les interprètes de données complexes pour des interlocuteurs non techniques. Il est dès lors nécessaire de pouvoir vulgariser et synthétiser des concepts techniques, que ce soit à travers des présentations orales, des rapports écrits ou des interactions quotidiennes pour divers audiences, y compris les membres de l’équipe, les cadres supérieurs et les clients.

« Il est souvent reproché aux actuaires ne pas assez structurer leur discours, de ne pas être assez synthétique dans leur communication. » nous explique Marie-Hélène.

« Être capable de s’adapter à son interlocuteur et être compréhensible et intelligible est primordial dans ce métier. Les interlocuteurs n’ont pas toujours les mêmes intérêts. Si l’on prend l’exemple des souscripteurs et des risk manager, leur langage respectif est différent. Tendanciellement, les uns ont une propension au risque et les autres en ont une aversion. Dès lors, il est nécessaire de concilier les deux et de s’adapter. »

Les managers d’équipes actuarielles doivent également faire preuve d’une bonne écoute et d’une bonne capacité à observer lorsqu’ils communiquent.

« Bien communiquer, dit Marie-Hélène, c’est 80% d’écoute contre 20% de parole. C’est contre-intuitif mais ça marche ! ».

Communiquer c’est aussi apprendre à poser des questions avant de former et formuler une opinion : « On oublie trop souvent que capacité à bien communiquer repose sur l’écoute, l’interrogation et l’investigation. Savoir communiquer clairement, c’est être capable d’écouter et de poser les bonnes questions. » confie Marie-Hélène.

Il est important de développer des capacités d’écoute active, qui se définit par une bonne capacité d’écoute et  d’observation du langage corporel de son interlocuteur et des réactions de ses interlocuteurs au moment où il communique un message.

La bonne communication d’un manager repose sur sa capacité à se faire le relais des strates hiérarchiques au-dessus et en-dessous de lui. Vers ses supérieurs, il doit  avoir la capacité à de collecter, sélectionner et synthétiser les informations reçues par les membres de son équipe et s’en faire le porte-parole et possiblement, en défendant ses collaborateurs et leur travail. Vers ses subalternes, le manager communiquant doit relayer les décisions, les expliquer et les incarnées.

La communication transparente et ouverte crée un lien puissant entre le manager et son équipe, favorisant un environnement où les idées sont partagées, les défis sont surmontés et les objectifs sont atteints.

 

La pédagogie et la propension à l’apprentissage

La pédagogie dans le contexte de la gestion d’équipes actuarielles revêt une importance cruciale pour favoriser l’apprentissage de celles-ci. Avant toute chose, le rôle d’un manager est de coacher et de former son équipe. Un des aspects sur lequel se focaliser consiste à donner la capacité à son équipe de grandir techniquement, en adoptant de nouvelles connaissances et compétences. Notre experte en recrutement, Marie-Hélène, relève quatre points clés liés à cette compétence.

Premièrement, lorsque l’équipe manque d’une certaine connaissance ou compétence technique et que le manager est expert dans ce domaine, ce dernier doit pouvoir fournir à ses membres les outils nécessaires pour que ces derniers puissent comprendre et acquérir ce savoir.

« Transmettre sa connaissance lorsque nous sommes experts d’un domaine et que cette connaissance manque à l’équipe, cela est primordial. »

Cependant, dans l’éventualité où il n’est pas le plus expert sur le sujet, il doit pouvoir s’entourer, au sein de son équipe d’experts, sur d’autres sujets que les siens qu’il peut valoriser et responsabiliser sur la montée en compétences des autres membres. Cela valorise les collaborateurs, favorise l’entraide, la transversalité du savoir et la diminution du risque opérationnel sur un sujet donné.

De plus, les managers d’équipes actuarielles sont amenés à travailler au sein d’équipes multidisciplinaires, qui implique de prendre en considération différentes perspectives, approches et connaissances techniques. Cette diversité implique de cultiver un environnement où les membres de l’équipe se sentent stimulés à partager leurs connaissances et à collaborer activement. De l’autre côté, le manager se doit de développer une forme de curiosité et se mettre à niveau à cet égard.

« Si on est à la tête d’une équipe de modélisateurs, on peut ne pas maitriser parfaitement tous les langages de programmation donc il est indispensable de s’actualiser. Il faut continuer à se former à minima et d’actualiser ses connaissances même sur le volet technique et même hors de sa zone de confort. »

Enfin, il est indispensable de pouvoir identifier les compétences précieuses de ses collaborateurs, et en saisir l’opportunité de les valoriser et de les faire fructifier. Comme nous l’explique Marie-Hélène, il est préférable de  considérer la force de proposition de quelqu’un. Il est avantageux de déceler, dans l’initiative du collaborateur, l’opportunité de faire grandir son équipe.

Être pédagogue se révèle être un atout majeur à ne pas négliger. La combinaison d’une pédagogie adaptée et d’une propension à l’apprentissage continue constitue un levier essentiel pour maximiser la performance des équipes actuarielles et assurant ainsi une expertise de pointe au sein de l’organisation.

 

En conclusion, nous avons exploré de manière approfondie quatre compétences humaines essentielles pour les actuaires accédant à des postes de gestion d’équipe. Chaque compétence citée fait écho au besoin que l’actuaire n’a pas naturellement dans ses connaissances métiers. En intégrant ces compétences non techniques à leur expertise technique, les actuaires en transition vers des postes managériaux peuvent cultiver un leadership holistique. Ceux-ci pourront ainsi guider leurs équipes avec empathie, promouvoir l’innovation, créer des environnements de travail inclusifs et maintenir leur compétitivité dans un secteur en constante évolution. En somme, l’équilibre entre compétences techniques et soft skills constitue la clé d’une gestion d’équipe fructueuse dans le domaine complexe de l’actuariat et de la gestion des risques.

 

Sources :

Résultats – Novembre 2023

On résume pour vous les résultats en assurance de ce mois de novembre sur le marché français.

Résultats des entreprises

Résultats du marché

Résultats des entreprises

BNP Paribas : l’assurance enregistre une performance positive

BNP Paribas affiche des résultats trimestriels en hausse, avec un produit net bancaire (PNB) de 11,6 Mds€, en augmentation de 4,3 % par rapport au même trimestre de l’année précédente.

La croissance n’est pas uniforme dans tous les pôles. En revanche, l’assurance enregistre une performance positive, avec des revenus en forte augmentation à 536 M€, portés par les activités de protection et les partenariats. Les résultats du métier Assurance progressent de 22,2 % par rapport au même trimestre de l’année précédente, atteignant 411 M€ de résultat net avant impôt.

 

Axa : Le groupe maintient son objectif de résultat opérationnel

Axa annonce des résultats financiers positifs pour les neuf premiers mois de 2023, avec des primes en croissance de 2%, portées par le secteur des dommages (+7%). Cependant, le segment vie, épargne, retraite et santé enregistre des primes en baisse de 2%, principalement dans la santé (-7%) en raison de contrats non renouvelés.

La France connaît une diminution globale des primes de 6%, malgré une croissance de 6% dans le domaine des dommages. L’assurance de personnes en France est en baisse de 10%, tandis que les produits unités de compte (UC) enregistrent une baisse de 13%. Le groupe maintient son objectif de résultat opérationnel de plus de 7,5 milliards d’euros pour l’année.

 

Société générale : l’assurance dynamique

Société Générale annonce des résultats en baisse de plus de 6% au troisième trimestre 2023, principalement du à la hausse des taux, avec des revenus de 6,2 milliards d’euros.

Cependant, l’activité assurantielle se distingue avec des revenus en hausse de 11%, atteignant 142 millions d’euros au T3 et un résultat net part du groupe de 83 millions d’euros (+12%). Sur les neuf premiers mois de l’année, l’activité assurance affiche un PNB de 470 millions d’euros, comparé à 405 millions d’euros en 2022. L’assurance dommages enregistre une croissance de près de 9%.

 

Crédit agricole Assurances : des résultats en léger recul

Crédit Agricole Assurances enregistre des résultats en léger recul au T3 2023, avec un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros, en baisse de -2,5% par rapport à la même période en 2022.

Cette diminution est principalement attribuée à la performance moins favorable de l’épargne-retraite, dont la collecte brute chute de -8% et la collecte nette reste négative à -1,3 milliard d’euros au T3. En revanche, l’activité dommages se porte bien, affichant une croissance de +8,9%, avec un chiffre d’affaires de 1,1 milliard d’euros au T3.

 

Scor : les résultats montrent une amélioration

Scor a annoncé un bénéfice net de 147 millions d’euros au troisième trimestre 2023, en deçà des attentes des analystes, entraînant une baisse de l’action en Bourse. Les analystes espéraient un bénéfice d’environ 170 millions d’euros. Le directeur financier de Scor a attribué cet écart à un choix stratégique de « prudence ». Malgré cela, les résultats sur neuf mois montrent une amélioration, avec un bénéfice net de 650 millions d’euros depuis le début de l’année.

 

Allianz France : le groupe pénalisé par les catastrophes naturelles

Allianz France affiche une progression de 4,5% de son chiffre d’affaires en assurance dommages sur les neuf premiers mois de 2023, avec une amélioration de la rentabilité. Cependant, le groupe Allianz est affecté par des catastrophes naturelles, entraînant une dégradation du ratio combiné au niveau mondial, notamment au troisième trimestre.

Le résultat opérationnel du groupe diminue de 14,6% au troisième trimestre en raison de l’impact des catastrophes naturelles, estimé à 7,3 points, le plus important depuis une décennie. Malgré ces défis, le résultat opérationnel du groupe sur les neuf premiers mois atteint près de 11 milliards d’euros, en hausse de 3,6%.

 

Résultats du marché

Assurance-vie : confirmation du désamour des Français pour les contrats d’assurance-vie

Les contrats d’assurance-vie enregistrent quatre mois de sorties nettes de capitaux sur les cinq derniers mois, se confirmant ainsi le désamour des Français pour ce produit d’épargne. En septembre, les sorties nettes s’élèvent à 345 millions d’euros, contribuant à une collecte nette totale de seulement 1,3 milliard d’euros sur les neuf premiers mois de l’année.

La morosité économique et l’incertitude générale favorisent une épargne de court terme plutôt que de long terme. Les plans d’épargne retraite (PER) connaissent cependant un succès, collectant 554 millions d’euros en septembre et près de 4,4 milliards d’euros depuis le début de l’année, contribuant ainsi à éviter un bilan négatif pour le marché de l’assurance-vie.

 

Assurance-vie : ralentissement de la décollecte du fonds euros sur le 2e trimestre

Au deuxième trimestre 2023, la décollecte sur le fonds euros en assurance vie ralentit, passant de -7,3 Mds€ au premier trimestre à -3,1 Mds€. Cette amélioration est attribuée à la remontée des taux et aux promotions du marché. Les chiffres provisoires de la Banque de France indiquent une décollecte de -0,6 Md€ pour le troisième trimestre.

Les encours du fonds euros s’élèvent à 1 466,4 Mds€ à fin juin. En revanche, du côté des unités de compte (UC), la collecte nette diminue légèrement au deuxième trimestre, passant de 12 Mds€ à 9,8 Mds€.

 

 

Sources : 

L’Argus de l’assurance, BNP Paribas : l’assurance soutient les résultats de la banque

Les Echos, Assurance-vie : le désamour des Français se confirme

L’Argus de l’assurance, Axa : l’assurance dommages se porte bien, l’épargne et la vie un peu moins

L’Argus de l’assurance, Société générale : l’assurance dynamique, la banque en retrait

L’Argus de l’assurance, Crédit agricole Assurances pénalisé par l’épargne

News Assurances Pro, Résultats 2023 T3 : Scor retrouve la rentabilité, mais déçoit les attentes

L’Argus de l’assurance, Allianz France reste dynamique en dommages, le groupe pénalisé par les catastrophes naturelles

L’Argus de l’assurance, Assurance vie : la décollecte du fonds euros ralentit au 2e trimestre

Marché et fusions, acquisitions, cessions – Novembre 2023

Continuez la lecture pour découvrir les nouvelles actualités sur le marché de l’assurance du mois de novembre.

Marché

Fusions, acquisitions, cessions

Marché

Collectivités territoriales : les maires face aux assureurs

Les maires expriment leur colère lors du Congrès des maires à Paris, dénonçant le désengagement massif des assureurs du marché des communes et intercommunalités, notamment après les émeutes de juin 2023. Alain Chrétien, chargé par Bercy de mener une mission sur l’assurabilité des collectivités locales, souligne les centaines de résiliations de contrats et les hausses importantes des cotisations, mettant en péril l’assurance des communes.

Smacl Assurances affirme ne pas avoir résilié de collectivités après les violences urbaines, mais a durci les conditions contractuelles. Groupama déclare un taux stable de résiliations de 1%, motivé par la sinistralité climatique et les émeutes. Les assureurs Smacl Assurances et Groupama reconnaissent que les tarifs vont augmenter pour toutes les collectivités, en raison de l’inflation et du coût croissant des sinistres climatiques. Le marché des collectivités locales est en contraction, passant de 470 millions d’euros en 2017 à 385 millions d’euros en 2022, représentant moins de 5% du marché des assurances de dommages aux biens des professionnels.

 

Les catastrophes naturelles font parler d’elles

Ce dernier mois a été marqué par plusieurs tempêtes qui ont touché la France.

La tempête Ciaran qui a frappé le nord-ouest a provoqué des rafales de vent dépassant 200 km/h, privant plus de 1,2 million de foyers d’électricité, et provoquant des évacuations. Les assureurs, dont Covéa, Maif, et Macif, ont mis en place des dispositifs spécifiques pour recevoir les déclarations de sinistres des assurés.

Les tempêtes ont entrainé des inondations exceptionnelles qui ont générés des crues généralisées sur certains secteurs.

Les tempêtes Ciaran et Domingos pourraient entraîner des coûts d’assurance avoisinant un milliard d’euros mais les experts révisent leurs estimations à la hausse, avec la tempête Ciaran ayant déjà causé des dommages significatifs. Les dégâts sont estimés à 550 millions d’euros le 22 novembre, et la moitié serait pris en charge par la CCR au titre de la réassurance publique. Cette année le cout total des sinistres liés aux catastrophes naturelles de la CCR dépasse le milliard d’euros.

La société RiskWeatherTech estime que le coût total des sinistres des deux tempêtes pourrait atteindre entre 500 millions et 700 millions d’euros en raison de rafales de vent exceptionnelles et de l’inflation. Le groupe Saretec estime que les tempêtes ont généré 300 000 sinistres et des dégâts de 650 à 750 millions d’euros.

 

Selon l’ONU, l’inassurabilité compte parmi les 6 plus grandes menaces pour l’humanité

L’ONU identifie l' »inassurabilité » comme l’une des six principales menaces pour l’humanité, soulignant que l’absence d’assurance dans les zones à haut risque peut déclencher des conséquences socio-économiques en cascade. Les coûts croissants des sinistres climatiques rendent parfois l’assurance inaccessible, créant un « avenir non assurable ».

Les experts prévoient une hausse des prix de l’assurance en raison du doublement attendu des catastrophes graves d’ici 2040. La concentration démographique dans les zones à risque aggrave la situation, mettant en danger les personnes et les biens, tandis que l’inassurabilité des logements affecte la stabilité des marchés immobiliers. L’ONU appelle à des transformations pour aborder les facteurs sous-jacents du risque et éviter la perte d’un filet de sécurité essentiel.

 

AXA Future Risks Report 2023

Le Future Risks Report, une étude annuelle d’AXA, présente les principaux risques mondiaux selon 3 500 experts dans 50 pays et 20 000 membres du grand public dans 15 pays. Le changement climatique reste la principale préoccupation pour les deux groupes, suivi des cyber risques en deuxième position. Les tensions géopolitiques maintiennent leur importance, bien que leur classement varie selon les régions. L’intelligence artificielle suscite une inquiétude accrue parmi les experts, passant de la 14e à la 4e place. L’étude souligne l’interconnexion des risques dans un monde en polycrise.

Pour en savoir plus cliquez sur le lien suivant : https://www.axa.com/fr/presse/publications/future-risks-report-2023-rapport

L’association de Genève alerte sur les limites des assureurs face aux risques cyber

L’Association de Genève, une organisation internationale regroupant les principales compagnies d’assurance, met en garde contre les limites des assureurs face aux risques cyber. Dans un rapport, elle souligne que le marché de la cyber-assurance, bien qu’en croissance rapide, présente encore un déficit de protection important, surtout en cas d’une attaque majeure et globale.

Face à la nature systémique du risque, l’association préconise des partenariats publics/privés, suggérant la création d’un « filet de sécurité » gouvernemental pour les cyber-incidents majeurs. Elle estime que de tels partenariats encourageraient les (ré)assureurs à étendre leur couverture et à renforcer leur capacité d’absorption des risques.

 

Fusions, acquisitions, cessions

Cardif se diversifie en réassurance

Le groupe BNP Paribas Cardif a reçu l’approbation de l’ACPR pour exercer des activités de réassurance en vie et non-vie à partir de 2024. Cette diversification des activités du bancassureur, déjà actif dans la banque et l’assurance, marque une nouvelle orientation stratégique. L’agrément de l’ACPR, publié au Journal officiel du 14 novembre, entrera en vigueur le 1er janvier 2024.

 

Deux nouveaux transferts de portefeuille ont été approuvés par l’ACPR

L’ACPR a approuvé deux transferts de portefeuille, le premier concernant La Médicale, rachetée par Generali France auprès de Crédit Agricole Assurances. Une partie du portefeuille de La Médicale sera transférée à Generali Vie, avec une intégration prévue courant 2022. Par ailleurs, le transfert par fusion-absorption du portefeuille de La Médicale à L’Equité a également été approuvé.

Ces transferts prendront effet le 31 décembre 2023.

 

Fusion de CNP Assurances et MFPrévoyance

L’ACPR a donné son feu vert au transfert de portefeuille de MFPrévoyance vers CNP Assurances, dernière étape avant la fusion prévue au 31 décembre 2023. CNP Assurances, qui détient MFPrévoyance à 100% depuis 2021, vise à renforcer sa position dans la protection sociale complémentaire, en particulier en prévoyance, pour la Fonction publique d’État.

Cette intégration permettra à MFPrévoyance d’assurer la pérennité de ses activités et d’être plus compétitive dans les appels d’offres des ministères. La fusion vise également à rationaliser les moyens de CNP Assurances et à renforcer son expertise sur les marchés publics et parapublics. En 2022, MFPrévoyance a réalisé un chiffre d’affaires de 137,6 M€ (+5%) avec une marge de solvabilité de 234% à la fin de l’année dernière.

 

Sources :

L’Argus de l’assurance, L’inassurabilité parmi les 6 plus grandes menaces pour l’humanité, selon l’ONU

L’Argus de l’assurance, Tempête Ciaran : les assureurs à pied d’oeuvre

L’Argus de l’assurance, Tempêtes Ciaran et Domingos : les dommages pourraient avoisiner un coût de 1 milliard d’euros

L’Argus de l’assurance, Assurance cyber : l’association de Genève alerte sur les limites des assureurs

L’Argus de l’assurance, Inondations dans le Pas-de-Calais : les assureurs mobilisés

L’Argus de l’assurance, ACPR : deux nouveaux transferts de portefeuille approuvés

L’Argus de l’assurance, Réassurance : l’ACPR donne son feu vert à Cardif

L’Argus de l’assurance, L’ACPR autorise la fusion de CNP Assurances et MFPrévoyance

L’Argus de l’assurance, Collectivités territoriales : la révolte des maires contre les assureurs

News Assurances Pro, Inondations : La facture s’élève à 550M d’euros, selon CCR

L’Argus de l’assurance,Collectivités territoriales : deux assureurs s’adressent aux maires mécontents

Site Axa, AXA Future Risks Report 2023

Législation – Novembre 2023

On résume pour vous toute l’actualité en législation du marché de l’assurance de ce mois en France.

PLFSS 2024 : le projet de loi modifié est adopté par le Sénat

Le Sénat a adopté une version modifiée du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2024. La commission mixte paritaire vise à parvenir à un accord sur un texte commun. Des modifications importantes ont été apportées, notamment le rejet de l’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) pour 2024. Le remboursement intégral des fauteuils roulants a été maintenu, et une « taxe lapin » a été introduite pour pénaliser les assurés manquant leurs rendez-vous médicaux. Une réduction de l’Aide Personnalisée à l’Autonomie (APA) a également été intégrée.

 

Voitures électriques : les sénateurs rejettent la prolongation de la TSCA

Les sénateurs, dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances pour 2024, ont rejeté la prolongation de l’exonération de la taxe spéciale sur les conventions d’assurances (TSCA) pour les voitures électriques, contrairement aux députés. Ils estiment que cette mesure n’a pas d’intérêt et entraînerait un manque à gagner pour les départements. D’autres amendements ont été adoptés, notamment la modification des conditions de financement du fonds de garantie des assurances obligatoires de dommages (FGAO) pour éviter une augmentation importante de la contribution des assureurs. De plus, deux amendements concernent l’épargne, notamment la suppression de l’interdiction faite aux mineurs de détenir un plan épargne retraite (PER).

 

Épargne salariale : le parlement adopte le projet de loi sur le partage de la valeur

Le Parlement a définitivement adopté le projet de loi sur le partage de la valeur, transposant l’accord national interprofessionnel de février dernier. La loi impose aux entreprises de plus de 11 salariés de mettre en place au moins un dispositif de partage de la valeur, tels que l’intéressement, la participation, un plan d’épargne salariale, ou une prime. La nouveauté est l’extension de cette obligation aux PME de 11 à 49 salariés, à condition qu’elles soient rentables pendant trois années consécutives. Les dispositions s’appliqueront à titre expérimental à partir du 1er janvier 2025, offrant de nouvelles opportunités aux assureurs proposant des produits d’épargne en entreprise.

 

PLF 2024: le Sénat adopte l’amendement sur la provision d’égalisation aux risques cyber

Le Sénat a adopté en première lecture un amendement au PLF 2024 visant à élargir la provision pour égalisation aux risques cyber, soulignant que les paramètres n’ont pas été révisés depuis 2002 malgré l’émergence de nouveaux risques. L’amendement propose également d’augmenter la durée de reprise pour les risques attentat, atomique et de pollution à quinze ans, au lieu de 10 ou 12 actuellement, pour mieux tenir compte de leur fréquence. L’avis de la commission saisie au fond était défavorable, mais le gouvernement a émis un avis favorable. La disposition doit maintenant être examinée en nouvelle lecture par l’Assemblée Nationale.

 

Sources : 

L’Argus de l’assurance, PLFSS 2024 : le Sénat adopte le projet de loi modifié

L’Argus de l’assurance, Voitures électriques : la taxe rétablie par les sénateurs  

L’Argus de l’assurance, Épargne salariale : le parlement étend le dispositif aux PME

News Assurances Pro, PLF 2024 : Le Sénat adopte l’amendement sur la provision d’égalisation

Innovation – Octobre 2023

Découvrez les derniers sujets d’innovation sur le marché assurantiel pour le mois d’octobre.

 

Les ransomwares évoluent : Risque cyber

Lors d’une conférence sur la cybersécurité, le lieutenant-colonel Jean-François Laloyer a noté une augmentation de 43% des procédures judiciaires liées aux cyberattaques en cinq ans. Cependant, un grand nombre d’actes malveillants échappent à la détection, car seules 10% des ETI et des PME sont couvertes par une assurance cyber malgré le fait qu’elles subissent 45% des attaques. Les cyberattaques par rançongiciels ont évolué, avec des attaquants demandant des sommes plus modestes (5 000 à 10 000€) et les victimes préférant souvent payer plutôt que de signaler les attaques.

Les faux-supports (phishing) demeurent la première forme d’attaque signalée (41%), suivis par les ransomwares (30%). La Loi LOPMI a renforcé les moyens de lutte contre les cyberattaques, mais les entreprises trouvent la procédure de dépôt de plainte complexe, notamment en raison du délai de 72 heures imposé.

 

D’après Insurance Europe l’assurance n’est pas à haut risque

Insurance Europe, la fédération européenne de l’assurance et de la réassurance, se positionne par rapport à l’IA Act récemment adopté par le Parlement européen. Elle estime que l’assurance ne devrait pas être classée parmi les systèmes d’IA à haut risque. La fédération propose une définition claire des systèmes d’IA alignée sur l’approche de l’OCDE pour garantir la cohérence internationale.

Elle s’oppose à l’inclusion de l’assurance dans la catégorie à haut risque, sauf pour les cas d’IA conduisant à l’exclusion ou à la discrimination des individus en matière d’assurance. De plus, elle suggère que les produits d’investissement fondés sur l’assurance ne soient pas considérés comme des produits à haut risque. Le texte final de l’IA Act devrait être élaboré d’ici la fin de l’année en vue d’une application en 2026.

 

GeoWatch Labs, l’IA et les satellites pour les rendements des cultures

GeoWatch Labs, une start-up parisienne, utilise des données satellitaires, des informations climatiques, et l’intelligence artificielle pour suivre de manière précise les saisons agricoles et les rendements des cultures. Cette technologie permet aux acteurs de l’assurance paramétrique d’obtenir des informations sur l’état des saisons agricoles en temps réel, ainsi que des prévisions de rendement agricole.

Ils peuvent ainsi évaluer les profils de risque et décider de déclencher ou non des polices d’assurance. GeoWatch Labs travaille avec divers clients, y compris des assureurs paramétriques, des gouvernements, des organisations internationales, des entreprises privées, et des réassureurs. La société peut également aider les assureurs à anticiper les impacts et optimiser leurs coûts en envoyant des experts sur le terrain lorsque cela est nécessaire.

 

Fort potentiel de l’IA générative en assurance

L’IA générative a été abordée lors de l’atelier de CNP Assurances lors du congrès Reavie à Cannes. L’utilisation de l’IA générative dans le secteur de l’assurance est considérée comme une rupture majeure et révolutionnaire par les experts de l’industrie. Les IA génératives sont capables de traiter de nombreux cas d’usage dans différents domaines et langues, ce qui ouvre des possibilités d’innovation considérables.

Ces technologies peuvent être utilisées pour préparer des propositions de réponse structurées dans les centres de contact et pour la gestion des sinistres, de coder plus vite et de façon plus fiable à un coût réduit.

Bien que les avantages soient prometteurs, les entreprises reconnaissent qu’elles en sont encore largement à la phase d’expérimentation. L’IA générative nécessite un paramétrage précis pour éviter les biais, et les experts soulignent que l’humain doit rester au centre de son développement pour garantir son utilité au service du client.

 

Sources :

L’Argus de l’assurance, Risque cyber : les ransomwares évoluent 

L’Argus de l’assurance, IA : l’assurance n’est pas à haut risque selon Insurance Europe

L’Argus de l’assurance, L’assurtech de la semaine : GeoWatch Labs, l’IA et les satellites pour les rendements agricoles

L’Argus de l’assurance, IA générative et assurance : un formidable potentiel à concrétiser