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L’assurance cyber, pourquoi fait-elle peur aux assureurs ?

Le risque cyber, un des plus grands ennemis des assurances ? C’est en tout cas la conclusion tirée par le Forum économique mondial de Davos ainsi que par France Assureurs et elle n’est pas sans raison : environ 1 000 entreprises belges et une entreprise française sur deux ont été touchées par des attaques cyber en 2021. Malgré ce constat, la situation peut devenir encore plus critique : d’un point de vue de l’assurance auto, la voiture autonome et la voiture connectée peuvent avoir un impact conséquent sur cette dernière et dans une approche plus futuriste et globale, l’ampleur du métavers aussi. Le marché des assurances cyber ne semble pourtant pas se développer à la même vitesse.

État des lieux

Alors que le marché des assurances cyber a vu le jour dès les années 2000 de l’autre côté de l’Atlantique, sur le marché européen et plus particulièrement en France et en Belgique, ce marché peine à prendre ses marques.

L’offre de ce type de contrat destiné aux professionnels existe depuis 5 ans en Belgique et en France. Les quelques clients actuels sont principalement parmi les grandes multinationales et, dans une moindre mesure, parmi les petites et moyennes entreprises, ainsi que quelques entreprises cibles comme les professions libérales. Du côté des assureurs, ils sont très peu nombreux à proposer une couverture cyber. De plus, la Wallonie propose moins de contrats de ce type qu’ailleurs en Belgique. La couverture contre les risques cyber se présente sous deux formes : soit elle est rattachée à une responsabilité civile ou une protection juridique, ou bien elle existe en tant que police d’assurance à part entière.

En France, en 2021, le marché de l’assurance dommages des professionnels totalisait 185 millions d’euros pour les primes cyber (Source : AMRAE). Cependant, le rapport Lucy 2022 de l’AMRAE, mentionne que les offres d’assurances cyber ne correspondent aux attentes des grandes entreprises, notamment dû aux montants élevés des franchises. Au vu de ce constat, même si ce marché est porté par les quelques multinationales qui en sont actuellement clientes, celles qui ne sont pas encore clientes ne le deviennent pas et préfèrent s’assurer seules ou dans des groupes de mutuelles d’assurance, comme nous allons le voir plus loin.

 

« Les offres d’assurances cyber ne correspondent aux attentes des grandes entreprises, notamment dû aux montants élevés des franchises. »

 

 

En ce qui concerne les spécificités du contrat d’assurance cyber, diverses clauses peuvent en faire l’objet. Une clause d’exclusion des pertes engendrées par une attaque lorsque celle-ci occasionne un effet de catastrophe pour l’Etat attaqué doit être mentionnée. Des clauses excluant des pertes provenant d’une guerre, si le contrat ne dispose pas de clause d’exclusion pour de tels conflits, sont également mentionnées. Cependant, comme le souligne la Direction du Trésor, l’implémentation et l’effectivité de ces clauses ne sont pas toujours évidentes. C’est particulièrement le cas lorsque le terme de cyberguerre n’est pas clairement défini juridiquement et que la sinistralité de l’assuré n’est pas clairement définie si l’origine de l’attaque ne peut l’être.

Dangers d’une attaque cyber

Les types d’attaques cyber sont de plus en plus diversifiées. Parmi celles-ci, on peut retrouver des malwares et ransomwares, ainsi que le vol d’identité. Par ailleurs, pour un plus grand impact sur l’image ou la finance de l’entreprise, le vol d’identité est la meilleure arme des attaquants. Les menaces d’une attaque cyber sont diverses et engendrent des dommages conséquents pour une entreprise : frais liés aux conséquences immédiates de l’incident, que ce soit la gestion de l’incident ou les pertes financières de l’entreprise, les dommages matériels et l’engagement de la responsabilité civile de l’entreprise. De plus, la perte d’exploitation, ainsi que l’arrêt de l’activité sont les principaux risques majeurs. De ce fait, le risque cyber est considéré comme un risque opérationnel par bon nombre d’assureurs.

Une autre menace qui inquiète les entreprises, et par conséquent, les assureurs, est le paiement d’une rançon, pouvant aller jusqu’à 500 000€. Cependant, le sujet de la rançon fait débat au sein de l’hexagone, notamment parce qu’une assurance qui offre au sein de son contrat une clause en faveur du paiement de la rançon est perçue comme favorisant les cybercriminels à commettre de tels actes.  À cet égard, le Ministère de l’Économie français a récemment publié un rapport précisant le droit des assurés à demander le paiement de cette rançon par l’assureur, sans que cela ne constitue un devoir pour l’assureur. Partant de cette situation, il est préférable en tant qu’assureur d’accompagner ses assurés autant que possible dans le cas d’une attaque cyber, sans pour autant payer la rançon.

 Pourquoi ce marché se développe lentement ?

Que ce soit en Belgique ou en France, les assureurs sont méfiants car il existe très peu de données statistiques sur le risque cyber. Son évolution rapide ne permet pas une adaptation évidente, d’autant plus dans un environnement encore très peu connu et peu maîtrisable.

Évaluer le risque financier, voilà une barrière pour les assureurs, notamment en raison du manque de données. En France, une des causes du mauvais développement de ce marché est due à la balance entre la valeur des primes et la valeur des dommages calculés : en effet, en 2020, les assureurs français ont compatibilisé 217 millions d’euros de dommages pour 126 millions d’euros de primes (source : AMRAE), ce qui cause un déficit pour ceux-ci. Le coût des dommages pour une entreprise victime d’une attaque cyber est particulièrement difficile à chiffrer pour deux raisons. La première est l’interdépendance des systèmes informatiques dans notre société, qui est à l’origine des phénomènes d’accumulation comme le précise Olivier Lopez, Directeur de l’Institut de Statistique de l’Université de Paris, lors de cet entretien. La deuxième concerne le chiffre noir, c’est-à-dire l’écart entre les actes d’attaque cyber connues et les actes réels, qui provient de la peur des victimes en ce qui concerne les conséquences sur leur réputation.

Il est également très difficile d’anticiper les dommages de ce genre d’attaque, notamment car une attaque peut avoir plusieurs cibles : même si cela reste très rare, cela peut arriver dans le cadre d’une attaque contre plusieurs États. Par ailleurs, malgré la rareté de ce type de cas, cette éventuelle attaque visant différentes cibles simultanément, effraie les assureurs. Dès lors, et en raison du nombre d’attaques de plus en plus nombreuses, les primes des assurances sont élevées, alors que l’offre n’est déjà pas très développée. De ce fait, le marché de l’assurance cyber ne peut évoluer. À cela s’ajoute des compagnies d’assurance sélectives dans le choix du type de profils clients car elles sont soucieuses de leur solvabilité, un manque de connaissance des produits en cyber assurance et une sous-estimation de l’importance de ces cyberattaques, surtout pour les PME.

 

« Le cadre juridique des contrats d’assurance cyber n’est pas suffisamment clair, que ce soit pour l’assureur ou pour l’assuré. »

 

 

Ce qui empêche également le bon développement du marché cyber est lié à sa propre structure. En effet, le cadre juridique des contrats d’assurance cyber n’est pas suffisamment clair, que ce soit pour l’assureur ou pour l’assuré. La couverture « silencieuse », qui implique que le risque cyber est couvert par des contrats IARD mais dont les assureurs et assurés n’ont pas connaissance, ou encore des garanties implicites existent. (Du point de vue des assurés, cette couverture peut être bénéfique car elle est inclue dans ce type de contrat. Cependant, étant donné qu’ils ignorent qu’elle existe, ils ne l’activent pas et cette dernière n’est pas incluse dans le calcul de la prime. Pour les compagnies d’assurance, cette pratique est dangereuse, notamment car l’assureur peut être confronté à un risque imprévu s’il ne prend pas en compte la conséquence réelle du risque dans le calcul de la prime. Par conséquent, la couverture des contrats d’assurance n’étant pas toujours claire pour l’assuré, moins de polices à ces contrats sont souscrites. De plus, l’imprécision de la couverture « silencieuse » peut impacter de façon négative la solvabilité de l’assureur). À ce sujet, suite à la publication de l’EIOPA, l’ACPR encourage fortement les assureurs à « examiner lensemble des garanties contenues dans leurs contrats par rapport aux risques cyber et, le cas échéant, à clarifier et à rendre plus explicites les formulations des termes et conditions des polices en ce qui concerne la couverture ou lexclusion de ces risques, pour permettre une offre exempte d’ambiguïté vis-à-vis des preneurs dassurance ».

Comme mentionné plus haut, la rançon a des répercussions sur le développement du marché, car certains contrats la couvrent , alors que d’autres ne le font pas. Cette garantie peut avoir un effet non-désiré : l’augmentation des cyber-attaques. Cependant, la fédération des assureurs Assuralia affirme que cette garantie constitue un avantage pour les assurés, et ne devrait pas leurs engendrer de crainte: en étant couvertes contre les rançons, les entreprises assurées bénéficient de l’aide d’experts qui peuvent déchiffrer ces demandes de rançon et donc éclairer le client sur celle-ci.

Enfin, la prise en charge ou non des sanctions administratives, par exemple en cas de non-notification de violation des données, à l’égard des entreprises victimes d’une attaque cyber par les assurances occasionne des craintes auprès des entreprises qui voudraient éventuellement souscrire à de tels contrats. Dans ce cas de figure, cela peut être pris en charge par l’assureur, contrairement à l’amende pénale. De plus, certains contrats d’assurance peuvent inclure une indemnisation concernant les frais engendrés par la mise en place d’une communication de crise par l’entreprise victime.

Pas à pas, les efforts se poursuivent…

Malgré le contexte géopolitique actuel, des mesures sont prises dans le marché de l’assurance pour développer davantage l’ assurance cyber. En France, le Ministre de l’Économie propose la mise en place d’un groupe de travail pour définir ce qu’est une cyberguerre afin d’établir d’éventuelles exclusions légales aux contrats. De plus, l’ACPR et France Assureurs étudieront les principales clauses du marché pour améliorer le niveau d’information des assurés et ont pour ambition de créer un observatoire de la cybercriminalité afin de solutionner la pénurie de données. En Belgique, Assuralia estime qu’une collaboration entre le secteur public et les assureurs pourrait permettre un meilleur développement de ce marché, avec l’intervention du Centre for Cyber Security, qui a pour principales missions de sensibiliser les citoyens à ce danger et d’aider les victimes.

Au niveau européen, l’EIOPA  estime que la création d’une base de données européennes de signalement d’ attaques cyber fondée sur une taxonomie commune peut permettre au secteur assurantiel d’améliorer ses évaluations et sa collecte de données afin que ces types de risques puissent être mesurés, surveillés et gérés de manière adéquate.

En tout cas, si les assureurs ne suivent pas, certaines entreprises (Airbus, Veolia et Adeao) ont anticipé un futur désastre en créant une mutuelle sur le territoire belge, Miris Insurance, pour couvrir le risque d’attaques cyber. Elle est toujours en attente d’approbation auprès du régulateur belge, mais elle devrait être opérationnelle avant le 1er janvier 2023.

Cette prise de position par de grands groupes met davantage en évidence la gestion de l’assurance  cyber par les assureurs. Le constat est sans appel : il est primordial que les compagnies d’assurance répondent à ce défi de façon plus claire car elles prennent le risque que d’autres acteurs, comme Miris, deviennent indispensables dans ce marché. Enfin, des mutuelles d’assurance comme Miris pourraient se développer et proposer des produits d’assurance concurrentiels et éventuellement plus attractifs.

Le sujet de l’assurance cyber est donc un sujet primordial à traiter par les compagnies d’assurance, sous peine de créer un désavantage pour ces dernières.

Sources :

Restez au courant – Septembre 2022

On résume pour vous toute l’actualité de l’assurance de ce mois en France.

Fusions & Acquisitions

Accueil | Axéria Prévoyance | compagnie d'assurance de personnes | Santé Prévoyance individuelle et collective | Emprunteur | Santé Internationale

L’ACPR a accepté la demande d’Axéria Prévoyance, ancienne filiale du groupe April, de fusionner avec Quatrem, société d’assurances de personnes spécialisée dans l’assurance collective.

Spécialisée dans la santé individuelle, la prévoyance et l’emprunteur, Axéria Prévoyance va évoluer sous la marque Malakoff Humanis Courtage, étant donné que la s.a. Quatrem appartient au groupe de protection Malakoff Humanis.

 

Partenariats

TradeScore • Service d'informations financières par Allianz Trade  PLEDG : Future licorne française des solutions de paiement ? - Père la Fouine

Allianz Trade, filiale du groupe Allianz spécialisée dans l’assurance-crédit a annoncé un nouveau partenariat avec la société Pledg, une fintech qui offre des solutions d’échelonnement de paiement. L’objectif de ce partenariat est de développer le paiement différé dans l’e-commerce B2B.

« Buy Now Pay Later » est le fruit de cette collaboration et permet aux sites d’e-commerce B2B d’offrir un service de paiement différé ou fractionné à leurs clients en étant payés instantanément et sans s’exposer au risque d’impayés. Grâce aux systèmes d’information d’Allianz Trade, le dispositif analyse en temps réel la santé financière de l’acheteur. Quant à Pledg, l’entreprise rémunère directement le site d’e-commerce.

Jacques-Olivier Schatz, DG de Pledg explique qu’ « en modernisant la pratique d’affacturage, nous permettons de bénéficier d’un usage habituel dans le monde des entreprises, le paiement à 30 ou 60 jours, en ligne et en boutique, sans risque, simplement ».

 

Union Mutualiste Retraite (UMR) – France - Réseau Éducation & Solidarité    Proclero - Meeschaert Asset Management

L’UMR (Union Mutualiste Retraite) s’est associée avec le groupe Meeschaert, spécialisé en gestion de patrimoine et d’actifs, pour élaborer un nouveau PER (plan d’épargne retraite), entièrement accessible en ligne.

Cela permet aux particuliers patrimoniaux clients de Meeschaert de choisir des versements sur un PER individuel intitulé « PER Meeschaert ». En outre Meeschaert se rapproche de son objectif d’offre patrimoine globale en élargissant sa gamme de produits liés à la retraite.

 

Luko (entreprise) — Wikipédia Fichier:Decathlon Logo.png — Wikipédia

Le néo-assureur Luko agrandit son réseau de partenaires en s’associant avec le groupe Decathlon. L’objectif est d’offrir un nouveau produit d’assurance pour les usagers des trottinettes électriques.

Au cours de l’année 2021, la chaîne de magasins de sports a constaté une augmentation de 42% des ventes de trottinettes. Par contre, seulement un utilisateur sur cinq aurait une assurance adaptée à ce moyen de transport. En outre, Luko a mené une étude selon laquelle 1/3 de son portefeuille serait propriétaire d’une trottinette électrique dans les mois à venir.

De fait, le néo-assureur a lancé l’offre « Esprit en paix » à partir de 3,33 euros par mois assurée par Wakam. D’autres options peuvent aussi être ajoutées comme le vol avec agression, les tempêtes, cat’ nat’, etc…).

Quant à Decathlon, le groupe continue de grandir dans le secteur assurantiel, étant déjà mandataire d’intermédiaire d’assurance depuis 2009 et de « Decathlon Assurances Sports » depuis 2008.

 

Marché

Aéma Groupe crée Ofi Invest - YouTube

Fondé en janvier 2021, le groupe Aéma (Macif, Aésio Mutuelle et Aviva France), a créé le pôle unique OFI Invest, qui devient le 5e groupe français de gestion d’actifs, avec 195 milliards d’euros d’encours. Pour ce faire, les trois entités ont regroupé 4 structures de gestions d’actifs en une.

Adrien Couret, directeur générale d’Aéma groupe explique que « La création d’Ofi Invest marque une étape importante dans la structuration du groupe. Son logo rejoint ceux d’Aésio Mutuelle, Abeille Assurances et Macif dans la galaxie Aéma. ». Il ajoute que « Pour un groupe mutualiste comme le nôtre, la gestion d’actifs est une formidable occasion d’exprimer notre différence, estime Adrien Couret. Nous ne sommes pas dans une recherche d’équilibre entre le sens et la performance : nous voulons apporter la preuve que la performance peut être utile. »

Modélisateur de risque d'incendie de forêt - Paris - AXA Climate - 04/08/2022 - jobs_that_makesense

Fondée en 2019 au sein du groupe AXA, AXA Climate soutient les initiatives de lutte contre le réchauffement climatique à travers l’assurance, le conseil et la formation. Depuis juin 2022, AXA Climate a intégré « Digital Commercial Platform » , une plateforme servicielle lancée par le groupe.

Ce mois-ci AXA climat a dévoilé son nouveau dispositif destiné aux fonds d’investissements : « Altitude ».  L’algorithme de cet outil et sa base de données unique permet d’avoir une vision des opportunités, risques et mesures à prendre en compte pour tout projet d’investissement. Une dizaine de fonds qui ont contribué au développement d’Altitude utilisent déjà cette avancée.

 

 

           

Le leader de l’assurance mutualiste Covéa a opté pour les solutions Guidewire afin d’améliorer l’expérience client et la gestion des dossiers sinistres de sa marque MMA IARD.  À noter que Covéa possède d’autres marques comme MAAF, GMF et Guide (NYSE :GWRE)

L’utilisation de Guidewire permettra à la MMA d’améliore son système informatique d’indemnisation avec un plateforme intégrée et d’avoir des suivis opérationnels en temps réel. Cette initiative suscite également une plus grande automatisation et l’unification du système.

 Pascal Martinez, DSI de Covéa a déclaré « Nous avons suivi un long parcours d’évaluation de la solution et avons finalement retenu Guidewire en raison de sa complétude fonctionnelle, de sa facilité de paramétrage, de sa capacité démontrée d’équiper les grands groupes d’assurance et de proposer une roadmap riche d’innovations ».

 Quant à Emmanuel Naudin, RVP Sales – EMEA, Guidewire il a annoncé :« Nous avons hâte d’accompagner MMA dans son objectif de modernisation de ses activités et dans l’ambition d’offrir à ses sociétaires des produits et services digitaux évolués et à valeur ajoutée. »

Sources :

L’assurance dans le métavers

Depuis que Marck Zuckerberg a fait du métavers l’une de ses priorités, cette technologie suscite l’intérêt dans divers domaines, y compris dans le secteur des assurances. Voyons comment les initiatives liées à cette réalité virtuelle émergent progressivement au sein de notre industrie.

Le métavers, quésaco ?

Le métavers (metaverse en anglais) est un monde virtuel qui fait référence à un ensemble de concepts tels que la réalité virtuelle, réalité augmentée, réalité entendue ou encore le cyberespace. Il n’y a pas de définition clairement établie mais  Matthew Ball, PDG de la holding diversifiée Epyllion, a écrit plusieurs essais sur le sujet. Selon lui, le métavers est un « réseau expansif  de simulations et de mondes persistants en 3D, rendus en temps réel et offrant un flux continu d’identités, d’objets, d’histoires, de monnaies et d’autorisations, dont un nombre illimité d’utilisateur·ice·s peuvent faire l’expérience de manière individuelle et synchronisée ». D’après lui, les univers numériques du métavers mêlent cyberespace, réalité virtuelle et monde physique et n’existent donc pas parallèlement à la réalité. Grâce à ce nouveau monde, les utilisateurs (particuliers ou entreprises) peuvent se réinventer de manière virtuelle.

Les compagnies d’assurance sautent le pas

À l’heure actuelle, on observe de plus en plus de compagnies d’assurances qui adoptent une nouvelle stratégie : développer des produits d’assurance dans le métavers. Le but est d’offrir aux utilisateur·ice·s une expérience numérique immersive en créant des polices d’assurances virtuelles. Le métavers constitue ainsi un canal de distribution supplémentaire et innovant pour les produits des compagnies.

En 2024,  le métavers deviendra un marché représentant un volume d’affaires de 800 milliards de dollars d’après Bloomberg Intelligence. Ce domaine apparaît donc comme un investissement notamment pour le secteur de l’assurance.

En février 2022, AXA France devenait le 1er assureur français à se lancer dans le métavers en achetant une parcelle dans The Sandbox, une plateforme virtuelle de jeu décentralisée. L’objectif est d’y créer des espaces de partage réservés à ses talents et clients. D’ailleurs, AXA a déjà immergé 1 500 collaborateurs dans son univers virtuel et y expérimente les problématiques RH ou RSE. «Pour AXA, c’est avant tout une démarche de découverte et d’apprentissage. Car, en tant que leader de l’assurance et entreprise tournée vers l’innovation, il est de notre responsabilité de prendre part à ces grandes avancées technologiques pour mieux les accompagner dans une logique d’apprentissage », note David Guillot de Suduiraut, directeur de la Transformation et des technologies d’AXA France.

La plateforme d’assurance digitale Easyblue souhaite se positionner en leader sur les questions liées au métavers. Une levée de fonds a déjà permis de développer un robot conseiller et l’objectif est de digitaliser tout l’environnement assurantiel des dirigeants et aussi à plus long terme pour les salariés, autoentrepreneurs, artisans, etc. avec une formule de garantie décennale digitale.

Heungkuk Life Insurance, filiale du groupe sud-coréen Taekwang, est la première compagnie d’assurance vie à avoir rejoint en août 2021 l’Alliance Metaverse. Elle regroupe environ 300 entreprises membres, dont Samsung Electronics, SK Telecom et Woori Bank.

Quant à Uno Re (Estonie), elle est la première plateforme décentralisée d’assurance et de réassurance. Cela permet à la communauté informatique d’investir, de négocier des risques et de recevoir un retour sur investissement.

 

L’émergence de nouveaux risques 

Consécutivement à l’augmentation des accès à la réalité virtuelle, de nouveaux risques liés à la sécurité des données et la santé font leur apparition. Pour y faire face, les banques et assurances développent des services innovants pour orienter les particuliers et entreprises.  Être utilisateur·ice du métavers signifie avoir recours à un avatar qui correspond à sa propre identité, à sa représentation physique dans le réel. Par conséquent, un des nouveaux risques à prendre en considération serait le vol d’identité, soit dans le but d’accéder aux crédits de la victime ou alors pour usurper un avatar et se faire passer pour un autre dans le monde virtuel avec toutes les conséquences que cela implique.

Dans ce monde dématérialisé, l’assureur peut indemniser son client pour des sinistres immatériels de tout type telles que les crypto-monnaies utilisées par les avatars, les devises des jeux (V-Bucks dans le jeu Fortnite), les outils utilisés dans les jeux comme Minecraft mais aussi tout objet virtuel susceptible de subir un sinistre. Par exemple, c’est le cas des biens virtuels très rares qu’on appelle les «NFT» (« Jetons Non Fongibles » ). En outre, les entreprises, biens immobiliers, automobiles, la santé ou les vies virtuel·e·s s peuvent également faire l’objet d’un sinistre. De fait, un particulier ou une entreprise qui se développe dans le métavers peut souscrire à une assurance adaptée à ses besoins qui sera accordée selon les mêmes critères du monde réel.

François-Xavier Combe, fondateur de la plateforme d’assurance digitale Easyblue, décrypte ce nouvel enjeu majeur où tous les utilisateurs deviendront garants de leurs biens virtuels. « Comme pour internet à ses débuts, il y aura sans doute un aspect ‘fare-west’ au départ, puis une régulation, qui passera notamment par la protection de cette propriété, via l’assurance en particulier. Certaines personnes achètent déjà des terrains dans le metavers, où des agents immobiliers virtuels sont présents. Imaginez que vous construisiez votre propre univers à partir de ce terrain : des problématiques de propriété matérielle et intellectuelle vont se poser. L’émergence d’un principe d’assurance est donc nécessaire ».

 

Le métavers, le monde de demain ?

D’après Emmanuel Moyrand, fondateur d’Insurtech dans la blockchain et membre du Bureau D’insurtech France, « Le métavers sera demain le marché où on assurera le réel (chez soi et son entreprise et sa personne en santé vie décès) et son virtuel (terrains, véhicules, avatars) : allant plus loin qu’internet, le métavers le remplacera et sera donc l’endroit où aura lieu l’expérience client digitale multicanale de demain. »

Dans les 5 années à venir se profile la création d’une économie parallèle virtuelle où les utilisateur·ice·s pourront créer, acheter et vendre des biens. Le métavers est vecteur d’une nouvelle dimension dans nos habitudes de consommations en offrant une nouvelle expérience d’un point de vue technologie numérique.

Plusieurs assureurs ont commencé à investir dans le métavers mais il faudra encore du temps avant qu’il révolutionne véritablement le secteur.

Même si certains assureurs font leurs premiers pas dans le monde virtuel, il faudra encore un peu de temps pour que le métavers enclenche une véritable révolution dans la profession.

 

Sources :

Restez au courant – Juin 2022

On résume pour vous toute l’actualité de l’assurance de ce mois en France.

Acquisition et levée de fonds

Médicale X Generali

Le rachat de la Médicale par Generali France est bouclé. Les deux parties ont signé l’accord de cession. L’assureur s’est ainsi porté acquéreur de la filiale du groupe Crédit Agricole pour un montant de 435M d’euros. La transaction incluait notamment le rachat du portefeuille décès de Predica.

Cette acquisition s’inscrit dans la stratégie de Generali de renforcer sa distribution par le biais d’agents et de consolider sa position sur le marché des professionnels en acquérant un réseau spécifique de professionnels de santé indépendants.

 

BPCE

Selon une information publiée au Journal officiel du 22 juin, le groupe BPCE simplifie son organigramme juridique et son dispositif opérationnel en scindant son portefeuille prévoyance d’une valeur de 220M d’euros. Il sera transféré à BPCE Vie et BPCE Assurances.

« A l’exception du changement d’assureur, ce projet de transfert sera sans incidence sur les conditions générales des contrats, qui resteront assurés par une entité d’assurance du groupe BPCE », indique un porte-parole du groupe.

Aujourd’hui considérée comme une entité à part entière, elle sera ainsi intégrée au sein de deux entités déjà existantes; sous réserve de l’accord préalable de l’ACPR. Le transfert est prévu à la fin de l’année 2022.

 

Mutuelles Impact

Mutuelles Impact – investir&+Mutuelles Impact, le fonds lancé par la Mutualité française, vient d’annoncer avoir réalisé une deuxième levée de fonds d’un total de 80 millions d’euros en réussissant à convaincre 64 souscripteurs (mutuelles, groupes et unions). L’un des principaux objectifs de Mutuelles Impact est d’investir ce fonds dans le réseau des 2 800 établissements et services de soins mutualistes ou de les intégrer dans les offres assurantielles des mutuelles.

 

Partenariats

Dattak X Wakam

Christophe Neves - COO Risk and Capital - Wakam (ex-La Parisienne Assurances) | LinkedInLa start-up Dattak basée en région parisienne lève 7 millions d’euros pour lancer son assurance cyber associée à un logiciel de cybersécurité. Fondée en 2021 par Benoît Grouchko (fondateur de la plateforme de data marketing Teem) et Charlotte Couallier (Leocare et Axa France), l’insurtech qui accompagne les TPE et PME face au risque cyber a effectué sa levée de fonds auprès du fonds XAnge Private Equity et plusieurs business angels dont Matthieu Bébéar (directeur général délégué chez SPVie Assurances).

Accompagné par l’assureur Wakam qui se positionne comme porteur de risques, Dattak s’appuie sur un modèle de distribution indirecte via les courtiers. « La technologie développée par Dattak permet aux courtiers d’obtenir un devis en une minute seulement, avec un parcours de souscription 100% digital », peut-on lire dans un communiqué.

Grâce à sa levée de fonds, la jeune compagnie ambitionne de devenir « le leader de l’assurance cyber en Europe » et prévoit notamment d’engager 10 nouvelles recrues sur des postes de commerciaux, ingénieurs et souscripteurs. Elle emboîtera le pas du courtier grossiste Stoïk, qui a fait son entrée sur le marché de l’assurance cyber récemment.

 

France Assureurs et Frances générosités

France Générosités: actualité Covid-19 - FundraisersFrance Assureurs et France générosités signent un partenariat pour faciliter la désignation des organismes à but non lucratif comme bénéficiaires de contrats d’assurance vie. En effet, avec 18 millions de détenteurs de contrats, 38 millions de bénéficiaires et
1 876 milliards d’euros d’encours à fin 2021, l’assurance vie s’impose comme le produit d’épargne préféré des Français, mais seulement 6,5 %[1] des particuliers utilisent l’assurance vie pour faire des dons. Ce partenariat s’inscrit dans la démarche d’éducation financière que mènent les assureurs auprès du grand public.

 

Nouveauté

Digital Commercial Platform par AXA

Axa — WikipédiaAXA annonce aujourd’hui le lancement d’un programme stratégique visant à créer une plateforme numérique de services aux entreprises, la Digital Commercial Platform. Cette plateforme rassemblera différents services afin de transformer la proposition de valeur d’AXA pour mieux servir ses clients entreprises, en ligne avec son plan stratégique Driving Progress 2023. L’ambition de la Digital Commercial Platform est de tirer pleinement parti du potentiel des données et des analyses en temps réel collectées par des satellites, des drones et des capteurs, grâce à l’expertise d’AXA en matière de services de prévention des risques, de capacités de souscription et d’indemnisation. L’objectif est ainsi de construire un écosystème de nouveaux services pour répondre aux besoins de protection en constante évolution des entreprises.

La plateforme commerciale numérique comprendra deux programmes initiaux :

  • Axa Smart Services : un réseau fournissant des informations sur les risques, des capacités de gestion des risques et de nouveaux services pour soutenir les entreprises.
  • Axa Climate : un réseau fournissant des informations sur les risques, des capacités de gestion des risques et de nouveaux services pour soutenir les entreprises.

 

QBE France – Marine et Art & Valeur

QBE EUROPE SA/NVL’assureur QBE est en train de construire son département Marine et Art & Valeur. Pour ce faire, le porteur de risque a nommé Tania Bensoussan-Arthur en tant que directrice du nouveau département.  Elle aura pour mission de développer en France et en Europe la partie cargo et marchandises transportées en ciblant le risque industriel, les grands comptes et le milieu de segment avec une capacité maximale de 30M€. Pour la partie Art&valeurs la nouvelle BU dispose de 50M€ de capacités.

 

Assurance « tout-en-un » pour Allianz

Allianz publie les rendements des assurances épargne dela branche 21 pour l'année 2021 - Guide-Epargne.beAllianz France annonce le lancement d’un nouveau produit d’assurance responsabilité civile. La filiale française de l’assureur allemand entend proposer aux entreprises « une couverture à 360° de leurs activités, avec un contrat unique ». Ce produit comporte ainsi trois garanties de base que sont la RC après-livraison, la RC exploitation et la RC Pro.

Parmi les autres garanties incluses dans l’ensemble des contrats, figurent aussi des couvertures de la responsabilité de l’entreprise liée aux risques environnementaux, à la survenance d’actions de groupe ou d’un événement cyber, ainsi qu’en lien avec l’utilisation de drones civils à des fins professionnelles. Parmi les garanties optionnelles (spécifiques à certaines activités et/ou zones géographiques), figurent notamment la couverture des frais d’image, des frais des consultants spécialisés en protection de l’environnement ou encore la responsabilité civile en cas d’atteinte à la propriété intellectuelle.

 

Acheel se lance sur l’auto

Acheel assurances - Informations et contacts

Le néo-assureur Acheel, jusqu’alors présent sur les marchés de l’habitation, de l’assurance animaux, de la PNO et de la santé (individuelle), se lance sur le marché de l’auto. Avec plus de 100 000 clients revendiqués au bout de sa première année d’existence, l’idée derrière ce lancement est naturellement d’encourager le multi-équipement de ses assurés.

« Nous avons fait le choix d’être une compagnie d’assurance généraliste et notre produit auto ne fera pas exception puisqu’il s’adresse à de nombreux profils de conducteurs, plus ou moins expérimentés, et propose même des offres à ceux qui ont quelques antécédents », justifie le PDG et cofondateur d’Acheel Ralph Ruimy.

 

Marché

Déshérence 2021

La traque aux contrats non-réglés en 2021 touche bientôt à sa fin. Ainsi, durant le mois de mai 2022, les assureurs ont multiplié les publications de leur bilan annuel Agira imposé par la « Loi Eckert » depuis 2014. Cette publication est destinée à répertorier en deux parties distinctes les contrats qui n’ont pas fait l’objet du règlement d’un capital après le décès des souscripteurs et ceux qui ont bénéficié d’un règlement à la suite de ce processus. Axa France et CNP Assurances s’imposent comme les meilleurs enquêteurs en matière de contrats non-réglés.

Pour rappel, en avril dernier, Mutex écopait d’un blâme et d’une amende de 8M d’euros pour des manquements en matière de déshérence.

 

Record d’embauches dans l’assurance en 2021

L'Observatoire de l'Évolution des Métiers de l'Assurance ROMA 2020 - L' Observatoire de l'Évolution des Métiers de l'AssuranceLe secteur de l’assurance poursuit sa progression engagée depuis 2016. Selon les estimations de l’Observatoire de l’évolution des métiers de l’assurance (OEMA), le secteur a recruté 17.100 personnes en 2021 et comptait en fin d’année 153.300 salariés (Soit une hausse de 2,1%). Notons également que 14.100 personnes ont quitté leur poste pendant l’année (en hausse également). Concernant le profil des salariés du secteur, la part des cadres concerne 51,5% des effectifs, et des salariés avec un Bac +5 (23,1%). Ces chiffres sont également en progression.

 

Intempéries : 258.000 sinistres pour un coût de 940M d’euros

La Fédération française de l'assurance devient « France Assureurs » -Les phénomènes météorologiques qui se sont produits entre le 2 et 5 juin dans l’Hexagone ont provoqué 258.000 sinistres pour un coût estimé à 940M d’euros, (410M pour les habitations et 370M pour l’automobile) d’après l’estimation de France Assureurs. Les sinistres occasionnés sur les biens professionnels représentent 90M d’euros et 70M d’euros pour les biens agricoles et récoltes.

Deux semaines auparavant, entre le 20 et 23 mai, les intempéries avaient déjà causé 93.000 sinistres, pour un coût estimé par les experts à 323M d’euros.

Dans ce contexte, Axa France annonce la création d’un fonds de solidarité doté de 1M d’euros afin de soutenir ses clients qui se retrouveraient en situation financière difficile en raison de trous de garantie dans leur contrat. À ce fonds de solidarité, s’ajoutent plusieurs mesures comme l’extension des délais de déclaration de sinistres au-delà des 5 jours légaux. L’assureur propose également le versement immédiat d’une avance sur indemnité avec ou sans expertise et l’allongement de 7 à 14 jours de la prise en charge des frais de relogement d’urgence pour les titulaires d’un contrat MRH. Enfin, la compagnie déploie une cellule de crise pour donner la priorité au traitement des dossiers pour faciliter les indemnisations.

 

Nouveau record pour l’épargne solidaire

L’épargne solidaire a progressé de 26% l’an dernier, avec 5,1 milliards d’euros supplémentaires, pour atteindre un encours “record” de 24,5 milliards d’euros, selon une étude publiée mardi par le journal La Croix et l’association Fair (ex-Finansol). Cette performance a été tirée par les bons résultats des marchés financiers en 2021 et des mesures politiques, comme l’obligation pour les assureurs de proposer au moins une unité de compte labellisée solidaire dans les contrats d’assurance vie, précise l’étude.

Il faut bien évidemment relativiser cette explosion des encours en épargne solidaire. Les capitalisations boursières ayant été particulièrement en hausse sur l’année 2021.

 

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