L’assurance dans le métavers

Depuis que Marck Zuckerberg a fait du métavers l’une de ses priorités, cette technologie suscite l’intérêt dans divers domaines, y compris dans le secteur des assurances. Voyons comment les initiatives liées à cette réalité virtuelle émergent progressivement au sein de notre industrie.

Le métavers, quésaco ?

Le métavers (metaverse en anglais) est un monde virtuel qui fait référence à un ensemble de concepts tels que la réalité virtuelle, réalité augmentée, réalité entendue ou encore le cyberespace. Il n’y a pas de définition clairement établie mais  Matthew Ball, PDG de la holding diversifiée Epyllion, a écrit plusieurs essais sur le sujet. Selon lui, le métavers est un « réseau expansif  de simulations et de mondes persistants en 3D, rendus en temps réel et offrant un flux continu d’identités, d’objets, d’histoires, de monnaies et d’autorisations, dont un nombre illimité d’utilisateur·ice·s peuvent faire l’expérience de manière individuelle et synchronisée ». D’après lui, les univers numériques du métavers mêlent cyberespace, réalité virtuelle et monde physique et n’existent donc pas parallèlement à la réalité. Grâce à ce nouveau monde, les utilisateurs (particuliers ou entreprises) peuvent se réinventer de manière virtuelle.

Les compagnies d’assurance sautent le pas

À l’heure actuelle, on observe de plus en plus de compagnies d’assurances qui adoptent une nouvelle stratégie : développer des produits d’assurance dans le métavers. Le but est d’offrir aux utilisateur·ice·s une expérience numérique immersive en créant des polices d’assurances virtuelles. Le métavers constitue ainsi un canal de distribution supplémentaire et innovant pour les produits des compagnies.

En 2024,  le métavers deviendra un marché représentant un volume d’affaires de 800 milliards de dollars d’après Bloomberg Intelligence. Ce domaine apparaît donc comme un investissement notamment pour le secteur de l’assurance.

En février 2022, AXA France devenait le 1er assureur français à se lancer dans le métavers en achetant une parcelle dans The Sandbox, une plateforme virtuelle de jeu décentralisée. L’objectif est d’y créer des espaces de partage réservés à ses talents et clients. D’ailleurs, AXA a déjà immergé 1 500 collaborateurs dans son univers virtuel et y expérimente les problématiques RH ou RSE. «Pour AXA, c’est avant tout une démarche de découverte et d’apprentissage. Car, en tant que leader de l’assurance et entreprise tournée vers l’innovation, il est de notre responsabilité de prendre part à ces grandes avancées technologiques pour mieux les accompagner dans une logique d’apprentissage », note David Guillot de Suduiraut, directeur de la Transformation et des technologies d’AXA France.

La plateforme d’assurance digitale Easyblue souhaite se positionner en leader sur les questions liées au métavers. Une levée de fonds a déjà permis de développer un robot conseiller et l’objectif est de digitaliser tout l’environnement assurantiel des dirigeants et aussi à plus long terme pour les salariés, autoentrepreneurs, artisans, etc. avec une formule de garantie décennale digitale.

Heungkuk Life Insurance, filiale du groupe sud-coréen Taekwang, est la première compagnie d’assurance vie à avoir rejoint en août 2021 l’Alliance Metaverse. Elle regroupe environ 300 entreprises membres, dont Samsung Electronics, SK Telecom et Woori Bank.

Quant à Uno Re (Estonie), elle est la première plateforme décentralisée d’assurance et de réassurance. Cela permet à la communauté informatique d’investir, de négocier des risques et de recevoir un retour sur investissement.

 

L’émergence de nouveaux risques 

Consécutivement à l’augmentation des accès à la réalité virtuelle, de nouveaux risques liés à la sécurité des données et la santé font leur apparition. Pour y faire face, les banques et assurances développent des services innovants pour orienter les particuliers et entreprises.  Être utilisateur·ice du métavers signifie avoir recours à un avatar qui correspond à sa propre identité, à sa représentation physique dans le réel. Par conséquent, un des nouveaux risques à prendre en considération serait le vol d’identité, soit dans le but d’accéder aux crédits de la victime ou alors pour usurper un avatar et se faire passer pour un autre dans le monde virtuel avec toutes les conséquences que cela implique.

Dans ce monde dématérialisé, l’assureur peut indemniser son client pour des sinistres immatériels de tout type telles que les crypto-monnaies utilisées par les avatars, les devises des jeux (V-Bucks dans le jeu Fortnite), les outils utilisés dans les jeux comme Minecraft mais aussi tout objet virtuel susceptible de subir un sinistre. Par exemple, c’est le cas des biens virtuels très rares qu’on appelle les «NFT» (« Jetons Non Fongibles » ). En outre, les entreprises, biens immobiliers, automobiles, la santé ou les vies virtuel·e·s s peuvent également faire l’objet d’un sinistre. De fait, un particulier ou une entreprise qui se développe dans le métavers peut souscrire à une assurance adaptée à ses besoins qui sera accordée selon les mêmes critères du monde réel.

François-Xavier Combe, fondateur de la plateforme d’assurance digitale Easyblue, décrypte ce nouvel enjeu majeur où tous les utilisateurs deviendront garants de leurs biens virtuels. « Comme pour internet à ses débuts, il y aura sans doute un aspect ‘fare-west’ au départ, puis une régulation, qui passera notamment par la protection de cette propriété, via l’assurance en particulier. Certaines personnes achètent déjà des terrains dans le metavers, où des agents immobiliers virtuels sont présents. Imaginez que vous construisiez votre propre univers à partir de ce terrain : des problématiques de propriété matérielle et intellectuelle vont se poser. L’émergence d’un principe d’assurance est donc nécessaire ».

 

Le métavers, le monde de demain ?

D’après Emmanuel Moyrand, fondateur d’Insurtech dans la blockchain et membre du Bureau D’insurtech France, « Le métavers sera demain le marché où on assurera le réel (chez soi et son entreprise et sa personne en santé vie décès) et son virtuel (terrains, véhicules, avatars) : allant plus loin qu’internet, le métavers le remplacera et sera donc l’endroit où aura lieu l’expérience client digitale multicanale de demain. »

Dans les 5 années à venir se profile la création d’une économie parallèle virtuelle où les utilisateur·ice·s pourront créer, acheter et vendre des biens. Le métavers est vecteur d’une nouvelle dimension dans nos habitudes de consommations en offrant une nouvelle expérience d’un point de vue technologie numérique.

Plusieurs assureurs ont commencé à investir dans le métavers mais il faudra encore du temps avant qu’il révolutionne véritablement le secteur.

Même si certains assureurs font leurs premiers pas dans le monde virtuel, il faudra encore un peu de temps pour que le métavers enclenche une véritable révolution dans la profession.

 

Sources :