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Marché, Législation et M&A – Janvier 2024

Retrouvez les nouvelles actualités sur le marché de l’assurance du mois de janvier.

Marché

Législation

M&A

Marché

La collaboration entre DocTeller et Groupama

docTellerDocTeller, en collaboration avec Groupama, a développé une solution d’analyse intelligente des documents et pièces légales, lancée en 2020. Conçue initialement pour le contrôle de conformité des dossiers de souscription, l’outil vise à extraire rapidement des éléments d’une image et vérifier leur authenticité. DocTeller automatise les contrôles, permettant d’analyser 97% des dossiers de souscription et de valider automatiquement 85%, libérant ainsi du temps pour les gestionnaires. La performance de l’outil se distingue par sa capacité à traiter des documents de mauvaise qualité ou difficiles à lire, estimés à environ 20%. Coconstruite avec Groupama, DocTeller est devenue une spin-off en 2023.

 

Un nouveau risque mondial : La désinformation

Le rapport du Forum économique mondial sur les risques mondiaux 2024 met en évidence la désinformation comme un nouveau risque majeur, classé en première place des risques à court terme. Avec plus de 70 États, dont les États-Unis, l’Inde et le Mexique, prévoyant des élections nationales dans les prochains mois, la manipulation de l’information pourrait influencer les résultats et compromettre la légitimité des gouvernements élus. Les risques climatiques restent en deuxième position, suivis de la division sociale. À l’horizon de 10 ans, les risques environnementaux, tels que l’appauvrissement de la biodiversité et les changements climatiques, occupent la première place. La désinformation figure à la cinquième place sur cette période, reflétant son impact croissant.

 

Reporting ESG insuffisant pour les assureurs selon l’ACPR

L’ACPR critique les rapports ESG des assureurs vie français, déclarant que ceux-ci ne respectent pas intégralement les exigences réglementaires en matière de reporting climatique. Depuis 2022, les assureurs doivent publier une stratégie d’investissement ESG alignée sur les objectifs de l’Accord de Paris. Selon l’ACPR, sur 113 rapports analysés, seuls 53 contenaient plus de la moitié des informations attendues, et aucun ne fournissait l’intégralité des éléments requis sur l’alignement avec les objectifs climatiques. L’ACPR souligne également des retards dans la publication des rapports et une incompréhension de la réglementation par certains assureurs.

 

Inondations dans le nord : Facture augmentée

Les inondations répétées dans le nord de la France en janvier ont porté à 640 millions d’euros le coût total des dommages assurés, selon la Caisse Centrale de Réassurance. Cette facture a augmenté de 90 millions d’euros depuis novembre, comprenant 15 millions pour de nouveaux sinistres et 75 millions pour l’aggravation de dommages antérieurs. Environ 70% des sinistres concernent des particuliers, tandis que 30% touchent des entreprises.

 

Facture à la hausse pour Groupama à La Réunion

Le cyclone Belal a causé d’importants dégâts à La Réunion, avec des pluies diluviennes et des vents atteignant 200 km/h. Groupama Océan Indien estime les dommages entre 10 et 15 millions d’euros, principalement liés aux habitations des particuliers, aux coupures de courant et aux dégâts agricoles. L’assureur avait ouvert 3 500 dossiers pour un montant initial de 5 millions d’euros, mais prévoit d’en traiter environ 5 000 au total. L’état de catastrophe naturelle a été reconnu dans toutes les 24 communes de l’île.

 

Baromètre des risques Allianz 2024

Le groupe Allianz a publié sa 13ième édition du baromètre des risques. Cette édition 2024 a recueilli des données auprès de 3069 experts dans 92 pays différents.

La cybercriminalité est en première place pour la troisième année consécutive. Le risques de catastrophe naturelle, lui a changé de place pour se retrouver en 3ième position.

 

Ambitions 2024 : L’ACPR s’exprime

L’ACPR présente son programme de travail pour 2024. Les quatre grands axes comprennent le suivi de l’assurance vie et non-vie, en mettant l’accent sur la sécurité et la solidité face aux risques macroéconomiques et financiers. L’ACPR continuera son action en faveur du développement des plans de transition climatique et intégrera les nouveaux risques liés aux technologies dans la réglementation prudentielle. Le superviseur veillera à maintenir les dispositifs de lutte contre le blanchiment d’argent et renforcera son expertise en matière de résolution assurance, avec une mise à jour des plans préventifs de résolution et le développement de ses méthodes de mise en œuvre des outils de résolution.

 

Législation

EIOPA, ESMA et ABE publient une première série de normes techniques

Les autorités européennes de supervision financière (EIOPA, ESMA et ABE) publient une première série de projets de normes techniques réglementaires pour préparer l’entrée en vigueur du règlement Dora. Ces normes couvrent la gestion des risques liés aux technologies de l’information et de la communication (TIC) et aux tiers, établissant un cadre harmonisé de gestion des risques. Elles définissent également des critères de classification des incidents majeurs liés aux TIC, visant à assurer un processus harmonisé et simple de classification des rapports d’incidents dans le secteur financier. Les normes traitent également de la politique sur les services TIC supportant des fonctions critiques ou ayant recours à des prestataires de services TIC tiers. D’autres normes techniques sont attendues dans les prochains mois.

M&A

Allianz rachète Luko

L’assureur allemand Allianz acquiert les actifs de Luko, la fintech française en difficulté, pour 4,3 millions d’euros. Allianz Direct, la branche d’assurance en ligne d’Allianz, récupère la marque Luko, environ 200 000 contrats d’assurance habitation, les 113 employés restants et la plateforme technologique. Cette acquisition permet à Allianz de se lancer dans l’assurance habitation en France et de développer une gamme de produits d’assurance pour les particuliers. Allianz Direct ambitionne de devenir l’assureur digital numéro un en Europe.

 

 

Sources :

L’Argus de l’assurance, Comment DocTeller analyse les documents pour Groupama

Atlas Mag, Baromètre des risques Allianz 2024 : la cybercriminalité en tête de liste

L’Argus de l’assurance, La désinformation, nouveau risque mondial

L’Argus de l’assurance, L’ACPR affiche ses ambitions pour 2024

Les Echos, Climat : le superviseur tacle les rapports ESG des assureurs vie français

L’Argus de l’assurance, Dora : les superviseurs européens publient une première série de normes techniques

Les Echos, Assurance : la facture des inondations dans le nord de la France revue à la hausse

Les Echos, Assurance : Allianz met la main sur la fintech Luko à la barre du tribunal

L’Argus de l’assurance, Cyclone Belal : une première estimation des dommages à La Réunion

Législations, Fusions, Acquisitions et Cessions – Décembre 2023

Continuez la lecture pour découvrir les nouvelles actualités sur le marché de l’assurance du mois de décembre.

Législations

Fusions, acquisitions, cessions

 

 

Législations

Réforme du financement du FGAO

Le Sénat a voté une réforme du financement du Fonds de garantie des assurances obligatoires (FGAO) en abaissant le plafond de la contribution des assureurs pour l’aligner sur celui des assurés. Actuellement, la contribution des assurés représente 1,2 % des primes et cotisations d’assurance, tandis que celle des assureurs est fixée à 14 % des charges de la section « Automobile » du FGAO. Les sénateurs ont jugé que le mode de calcul actuel pose des problèmes de prévisibilité et de pérennité financière pour le FGAO. L’amendement voté abaisse de 2 % à 1 % la borne supérieure de la contribution des assureurs.

 

Ce qu’il faut savoir des nouvelles règles en assurance automobile

Les nouvelles règles, en vigueur à partir du 23 décembre, précisent le champ d’application de l’obligation d’assurance pour les véhicules automoteurs. Les fauteuils électriques ne sont plus considérés comme des véhicules terrestres à moteur, exempts d’obligation d’assurance.

Les assureurs ne sont plus tenus de couvrir automatiquement les dommages à l’étranger causés par les engins de déplacement personnels motorisés (EDPM) tels que les trottinettes électriques. L’ordonnance renforce également les compétences du Fonds de garantie des assurances obligatoires de dommages (FGAO) en cas de faillite d’un assureur étranger, et facilite les conditions de souscription de l’assurance automobile en ajoutant une section sur la certification des comparateurs d’assurance automobile.

 

L’ACPR précise ses attentes concernant Solvabilité 2

L’ACPR a publié six nouvelles notices détaillant ses attentes en matière de reporting pour les entreprises d’assurance relevant de la directive Solvabilité 2. Ces notices portent sur divers aspects, dont la communication d’informations à l’autorité de contrôle et au public, la qualité des données communiquées, les modalités de calcul des ratios prudentiels, l’utilisation de modèles internes, et l’exercice d’évaluation interne des risques et de la solvabilité. Les nouvelles dispositions visent à affiner la doctrine du superviseur, couvrant notamment le calcul des ratios de solvabilité, la provision technique en assurance vie, et la qualité des données à transmettre.

 

Défaillances d’assureurs : L’Europe définit un cadre commun

Le Conseil et le Parlement européens ont conclu un accord provisoire pour établir des règles communes au sein de l’Union européenne en cas de défaillance d’une entreprise d’assurance ou de réassurance. Inspiré du mécanisme commun de résolution pour les banques, cet accord vise à intervenir rapidement en cas de crise pour limiter les dégâts et éviter un impact systémique.

Le cadre proposé vise à protéger les assurés et minimiser l’impact sur l’économie et le système financier, excluant le recours à l’argent des contribuables. Les entreprises d’assurance devront élaborer des plans préventifs de redressement conformément aux nouvelles règles.

 

Fusions, acquisitions, cessions

Pouvoir d’achat : CNP Assurances et Carrefour lance une nouvelle garantie

CNP Assurances et Carrefour lancent la garantie pouvoir d’achat en cas de coup dur. Cette offre est destinée aux étudiants, travailleurs du secteur privé ou public, les travailleurs non-salariés et les retraités. Quatre formules sont ainsi proposées. Certaines proposent des bons d’achats valables en magasin Carrefour allant de 75 à 150 euros par mois. Et d’autres offrent des indemnités plus élevées allant de 300 à 500 euros par mois en cas d’incapacité ou de perte d’emploi. Et 1000 euros en cas d’invalidité lourde ou perte d’autonomie.

 

Une levée de fonds pour Fasst

Fasst, une assurtech spécialisée dans l’accélération de la distribution digitale des assureurs, a clôturé une levée de fonds de 5,3 millions d’euros. Parmi les nouveaux actionnaires figure le groupe Covéa via le fonds Covea Next.

Fasst élargit sa gamme en se lançant sur le marché patrimonial avec un « Hub Patrimoine » destiné aux réseaux de distribution, gestionnaires de patrimoine, courtiers et experts comptables. La société se recentre sur son modèle d’éditeur, abandonnant le conseil aux assureurs et confiant l’intégration à des partenaires. La levée de fonds vise également l’ouverture au marché européen et l’accélération des contrats.

 

Malakoff Humanis et la France Mutualiste : Le rapprochement se confirme

Les conseils d’administration de Malakoff Humanis et de La France Mutualiste ont signé un protocole d’accord pour concrétiser leur rapprochement. Cette opération, qui vise à renforcer le poids du groupe paritaire dans le domaine de l’épargne retraite, devrait être finalisée au second semestre 2024, sous réserve des approbations nécessaires des instances représentatives du personnel, des assemblées générales et des autorités réglementaires. La France Mutualiste, enregistrant un chiffre d’affaires de 427 millions d’euros en 2022, contribuera à quasiment doubler la taille de l’activité épargne retraite de Malakoff Humanis.

 

Sources : 

L’Argus de l’assurance, Le Sénat vote la réforme du financement du FGAO 

News Assurances Pro, Prévoyance : CNP Assurances et Carrefour à la rescousse du pouvoir d’achat

L’Argus de l’assurance, Assurance automobile : de nouvelles règles en vigueur

L’Argus de l’assurance, Solvabilité 2 : l’ACPR précise ses attentes

L’Argus de l’assurance, Assurtech : Fasst accueille un assureur mutualiste dans son capital

L’Argus de l’assurance, Malakoff Humanis et la France Mutualiste confirment leur rapprochement

Les Echos, L’Europe se dote d’un cadre commun pour les défaillances d’assureurs

Marché et Résultats – Décembre

Retrouvez les nouvelles actualités sur le marché de l’assurance du mois de décembre.

Marché

Résultats

Marché

Protection sociale complémentaire : La prévention

La réforme de la protection sociale complémentaire (PSC) des fonctionnaires met l’accent sur la prévention, comme indiqué dans le premier appel d’offres du ministère de la Transition écologique. Huit points sur cent sont dédiés à la diversité et à la qualité des actions de prévention.

Les organismes répondant aux appels d’offres doivent prendre en compte les spécificités des agents dans leurs actions de prévention. Cette orientation souligne l’importance de la qualité des actions de prévention dans l’évaluation des dossiers. Les acteurs du secteur se préparent à intégrer cette dimension dans leurs offres et s’interrogent sur le financement de ces actions, soulignant la nécessité d’une coconstruction avec les employeurs de l’État.

 

France Assureurs : une nouvelle étude sur les investissements verts

Selon une étude de France Assureurs, les assureurs français intensifient leurs investissements verts, avec une diminution quasi négligeable des investissements dans les hydrocarbures. L’étude montre que 100 % des assureurs prennent désormais en compte les critères liés au climat dans leurs décisions d’investissement. Les investissements verts représentent 7,8 % des actifs des assureurs à fin 2022, une progression de 17 % par rapport à fin 2021 malgré une baisse de 13 % des actifs gérés.

Les investissements dans les hydrocarbures sont qualifiés de « quasi négligeables », avec une diminution de 15 milliards d’euros en un an. Cependant, des ONG estiment que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour aligner les assureurs sur les objectifs de l’Accord de Paris, en particulier dans le domaine des investissements dans l’expansion pétro-gazière.

 

Cop28 : la conférence déterminante

Les assureurs, bien qu’observateurs à la COP 28 à Dubaï, sont attentifs aux débats, en particulier suite à l’adoption du fonds « pertes et dommages ». Ce fonds, dédié à la réparation des dégâts causés par le dérèglement climatique, est salué comme une décision historique et intéresse particulièrement les assureurs, étant au cœur de leur métier. France Assureurs, en tant qu’observateur accrédité, suit de près les négociations pour comprendre l’orientation internationale et son impact sur la France et l’Europe. La fédération est également engagée dans des discussions sur la finance durable et la transition énergétique, cherchant à comprendre les besoins des États en matière de financement de la transition.

 

Faut-il réinventer le régime cat’nat’ ?

Les événements climatiques posent des défis pour le système d’assurance français, remettant en question le régime des catastrophes naturelles établi depuis 40 ans. Les inondations, tempêtes et autres phénomènes liés au changement climatique ont conduit le gouvernement à réfléchir à une refonte du système, alors que les pertes financières augmentent.

 

Les propositions pour rééquilibrer le régime incluent une révision des surprimes, bien que le gouvernement hésite à les augmenter. La question du statut des tempêtes dans le régime cat’nat’ est également abordée, avec des discussions sur son élargissement pour mieux couvrir les risques climatiques. En parallèle, les collectivités locales rencontrent des difficultés d’assurabilité, avec des résiliations massives, ce qui soulève des questions sur de nouvelles approches, telles que l’auto-assurance ou des partenariats public-privé.

 

Risques climatiques : les risk managers sont de plus en plus impliqués dans leur gestion

Le baromètre de l’engagement pour le climat de l’Amrae révèle que les risk managers jouent un rôle croissant dans la gestion des risques climatiques, collaborant souvent avec les départements RSE. Bien que 92 % d’entre eux craignent les risques climatiques aigus tels que les tempêtes, ils reconnaissent avoir une vision partielle des risques au sein de leurs entreprises, en particulier dans la chaîne d’approvisionnement.

Le changement climatique est perçu comme une opportunité de réduction des coûts, avec près de 50 % des risk managers identifiant des actions pour réduire les coûts liés à l’énergie. Cependant, 41 % des risk managers se déclarent peu satisfaits de leurs assureurs en raison du refus de couverture, de l’augmentation des prix, et du manque de prise en compte des investissements en prévention dans le calcul des primes.

Pour en savoir plus cliquez ici : https://climate.axa/wp-content/uploads/2023/12/BAROMETRE_AMRAE-AXACLIMATE_2023_Last-VD_BAT.pdf

 

Risques climatiques : Plus assurable ?

Les directeurs des risques des grandes entreprises françaises expriment une préoccupation croissante quant à la possibilité de trouver des assurances face aux risques climatiques. Selon le dernier baromètre annuel de l’Amrae en partenariat avec AXA Climate, 71 % de ces directeurs craignent que certaines zones géographiques, déjà identifiées mondialement, ne soient plus assurables.

Outre les défis géographiques, 54 % des directeurs redoutent que certaines activités, notamment liées à la transition énergétique, deviennent inassurables. Les entreprises demandent une meilleure collaboration avec les assureurs pour mesurer et couvrir les risques climatiques, soulignant l’importance de la couverture pour le développement des nouvelles filières décarbonées.

 

Résultats

La collecte nette de l’assurance-vie a nouveau positive

Grâce à un nouveau pic des ventes d’unités de compte, la collecte nette de l’assurance vie retrouve des couleurs. Les UC ont rapporté 4,1 milliards d’euros de capitaux nets, ce qui correspond au deuxième record historique après les 4,7 milliards du mois de juin. Le régulateur reste néanmoins vigilant et demande aux assureurs d’utiliser les réserves constituées pour faire face aux périodes difficiles.

 

Top 20 assurance 2023 : L’assurance française dynamique

Le chiffre d’affaires du marché français de l’assurance a continué de croitre en 2022 jusqu’à 4.1 milliards d’euros, soit 1.63%. Une augmentation lente en raison d’un niveau d’inflation élevé et de la hausse des taux d’intérêt. La hausse est essentiellement expliquée par la croissance de l’assurance de biens et responsabilité, avec 3.6 milliards d’euros par rapport à 2021, soit 6.21%.

Les 20 plus gros assureurs représentent 81.64% du chiffre d’affaires total du marché français en termes de parts de marché. Expliqué notamment par des acquisitions comme Generali avec la Médicale ou Covéa avec PartnerRe..

SCOR : Lauréats 2023 des prix de l’actuariat

Depuis 1996, Scor récompense chaque année les meilleurs travaux de recherche dans le domaine de l’actuariat. Retrouvez les lauréats ci-dessous.

 

Sources : 

L’Argus de l’assurance, Investissements verts : France Assureurs livre un nouvel état des lieux 

Les Echos, L’assurance-vie s’offre un répit grâce à la vitalité des unités de compte

L’Argus de l’assurance, COP 28 : une conférence déterminante pour le monde de l’assurance

L’Argus de l’assurance, Climat : un régime cat’nat’ à réinventer

L’Argus de l’assurance, Risques climatiques : les risk managers sont de plus en plus impliqués dans leur gestion 

L’Argus de l’assurance, Top 20 de l’assurance 2023 : l’assurance française dynamique malgré les vents contraires

Les Echos, Les entreprises craignent de ne plus trouver d’assurance face aux risques climatiques

Atlas Mag, SCOR : Lauréats 2023 des prix de l’actuariat

 

 

Les enjeux de la Finance Durable et ses implications en assurance

Dans un précédent article nous avons mis en évidence les impacts du changement climatique dans le milieu de l’assurance. Dans ce contexte, les principes de durabilité sont souvent évoqués et une finance durable devient un impératif.

Dans ce nouvel article, nous allons donc adresser le concept de la finance durable en mettant en exergue les évolutions de la réglementation française et européenne dans le milieu de l’assurance, mais aussi ses limites. Cette approche des investissements vise à prendre en considération des critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans leur gestion et leur sélection. Alors que le concept de finance durable apparait dans les années 1960, ce n’est qu’en 2006, qu’une initiative de l’ONU mène à la définition des Principes pour l’Investissement Responsable (PRI) afin de lui fournir une nomenclature.

Très vite, des labels voient le jour afin de distinguer la finance durable de la finance traditionnelle, englobant ainsi la finance responsable, la finance verte et la finance solidaire. Dans le but de combiner performance financière et développement durable, sont alors mis en place en France, et plus largement en Europe, des labels permettant de qualifier ces investissements répondant à des critères financiers (rentabilité, le prix de l’action, les perspectives de croissance, etc.) mais surtout à des critères extra-financiers qui reflètent les implications sociales, environnementales et sociétales de l’activité d’une entreprise (ESG).

Les labels : fers de lance de la finance durable

Le marché européen compte, en 2022, 9 labels de finance durable. Il existe aujourd’hui en France, deux labels créés en 2015 permettant de certifier les fonds d’investissements socialement responsables : le Label ISR par le ministère de l’Économie et des Finances et le Label Greenfin par le ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer. Depuis, de ces deux labels, le label ISR est devenu le fer de lance de la finance durable. Il repose sur 4 critères liés à l’environnement, l’impact social, la gouvernance et enfin, le respect des droits humains.

D’après Novethic, l’accélérateur de transformation durable du Groupe Caisse des Dépôts, depuis 2016, ce label a été obtenu par 1 354 fonds représentant 783 milliards d’euros d’encours à fin juillet 2023. À titre comparatif, le label belge « Towards Sustainability » réputé pour être plus restrictif, a été donné à 771 fonds, pour 539 milliards d’euros d’encours. Le label allemand FNG-Siegel a été octroyé 291 fois. Le second label français Greenfin, n’incluant que des critères écologiques, l’a été seulement 120 fois. Au total, en Europe, 2 000 fonds durables ont été octroyés pour plus de 1 307 milliards d’euros d’encours. Le label ISR est ainsi le plus octroyé en Europe.

Côté français, après un rapport de l’Inspection générale des Finances (IGF), saisie par Bercy pour une mission d’évaluation du label, il a été mentionné qu’une évolution radicale était nécessaire. En novembre 2023, Bercy publie donc son nouveau référentiel. Cette réforme tant attendue donne la priorité à la lutte contre le réchauffement climatique. Les entreprises utilisant la production de charbon ou d’hydrocarbures non conventionnels représentant plus de 5 % de leur chiffre d’affaires sont exclues.

Les entreprises lançant des projets d’exploration, d’exploitation ou de raffinage d’hydrocarbures le sont également. De plus, les fonds demandeurs au label ISR devront présenter un plan de transition aligné avec l’Accord de Paris. Une nouvelle exigence de décarbonation des fonds candidats au label sera mise en place progressivement. Cette réforme entrera en vigueur le 1er mars 2024, et les sociétés ayant déjà obtenu le label bénéficieront d’une période de transition d’un an afin de leur permettre de s’adapter aux nouvelles exigences. Les nouvelles labellisations sont ainsi suspendues jusqu’au 1er mars 2024.

Les évolutions de la place financière française vers plus de durabilité.

Le FIR, le Forum pour l’Investissement Responsable, une association de Loi 1901 fondée en 2001 a réalisé une étude en 2023 sur « Les Français et la finance responsable ». D’après cette enquête menée auprès de 1000 personnes par l’IFOP, l’institut d’études d’opinion, pour le compte de la FIR, les Français montrent une adhésion notable à l’Investissement responsable : 57% des sondés accordent une place importante aux impacts environnementaux et sociaux dans leurs décisions de placement.

Face à une opinion de plus en plus encline à une économie plus durable et un besoin d’investir de façon plus responsable, un nouvel indice a été créé par Euronext en 2021 : le CAC40 ESG. Reposant sur le Label ISR, il regroupe les 40 entreprises ayant les meilleures pratiques ESG.  « Le lancement de l’indice CAC40 ESG constitue une étape importante dans l’accélération de la transition vers une économie durable », d’après Stéphane Boujnah, patron d’Euronext.

Cet indice repose sur un principe d’exclusion du label ISR, qui est d’exclure des activités jugées allant à l’encontre des critères ESG, comme des activités reposant sur le charbon, les armes controversées et le tabac. Il intègre aussi les principes de base énoncés par les organisations des Nations Unies sur les normes internationales du travail par exemple, ou encore la lutte contre la corruption.

Les règlementations impactant l’assurance

De multiples incitations et obligations réglementaires, viennent contraindre des acteurs de l’économie et notamment les assureurs à se mettre au pas de la finance durable.

En conséquence à la COP21, les assurances françaises signent en 2019, la Déclaration de la Place financière de Paris où elles s’engagent à contribuer aux objectifs de l’Accord de Paris.

En Europe, Le Pacte vert fait son apparition en 2019 avec pour objectif la neutralité carbone en 2050 et rehausser les objectifs de baisse des émissions carbone à 2030 de 40 % à 50 % voire 55%. L’Union Européenne va encore plus loin et lance la taxonomie européenne en 2020 désignant une classification des activités économiques ayant un effet favorable sur l’environnement.  La Commission européenne a alors chargé un groupe d’experts, le TEG (Technical Expert Group), de fixer des critères de sélection d’activité comprenant l’atténuation du changement climatique, le contrôle de la pollution, la transition vers une économie circulaire, etc.

Depuis 2018, la directive européenne NFRD (Non-Financial Reporting Directive), sur la publication non financière, oblige 11 000 entreprises à publier un rapport extra financier, avec des informations sur l’incidence des questions de durabilité sur leurs résultats, leur situation et évolution, mais aussi l’incidence de leurs activités sur la population et l’environnement. La NFRD permet de suivre mais aussi de voir quelles sont les performances ESG des entreprises.

À partir de 2024, la CSRD prend la main et remplace la NFRD. Cette nouvelle directive élargit le champ d’application de la NFRD mais va aussi être plus exigeante. La Corporate Sustainability Reporting Directive vise à une harmonisation des reportings de durabilité des entreprises, mais aussi à l’amélioration de la disponibilité et la qualité des données qui sont publiées. Les sociétés devront publier des informations sur les risques, opportunités et impacts matériels en lien avec les questions sociales, environnementales et de gouvernance selon la double matérialité.

La double matérialité prend en compte les impacts des normes ESG sur la performance des sociétés mais aussi leurs impacts sur l’environnement. La CSRD couvrira progressivement elle, 50 000 sociétés. Les différents rapports exigés par certaines règlementations permettent une meilleure transparence sur les diverses actions menées par les entreprises en termes d’ESG.

En France, La loi Pacte de 2019 (plan d’action pour la croissance et la transformation de l’entreprise) oblige les entreprises à référencer systématiquement les fonds labellisés ISR dans les unités de compte d’assurance-vie et dans les plans d’épargne retraite.

Depuis 2022, la Loi climat impose aux assureurs de détailler leur approche en matière d’investissement responsable (ESG) dans un rapport. La mesure de l’impact des investissements sur la biodiversité sera obligatoire à partir de cette année. L’article 29 de la loi énergie Climat oblige les assureurs à publier un rapport dédié aux informations relatives à l’alignement des portefeuilles avec une trajectoire compatible avec l’Accord de Paris.

La place de l’assurance et l’investissement durable : assureurs, investisseurs de premier plan.

D’après l’enquête IFOP pour l’investissement responsable en 2023, six Français sur dix accordent une place importante dans leurs décisions de placement aux impacts environnementaux. Il est ainsi essentiel pour les assureurs français de diriger leurs épargnants vers des investissements responsables.

Consciente des enjeux de durabilité de la société et de l’économie, la fédération France Assureurs a réalisé une étude sur l’assurance et la finance durable basée sur un panel de 24 groupes d’assurances représentant 91% du montant total des actifs des entreprises d’assurance françaises à fin 2022. D’après cette étude, « Les assureurs sont des acteurs de premier plan dans la lutte contre le dérèglement climatique».

« Les assureurs sont des acteurs de premier plan dans la lutte contre le dérèglement climatique».

 

En effet, ils sont des financeurs majeurs de l’économie et des investisseurs de long terme. À la fin 2021, leurs investissements dans les entreprises françaises s’élevaient à 1524 milliards d’euros. Ils sont aussi des acteurs majeurs du financement de l’économie bas carbone avec 141 milliards d’euros de placements verts. Ils réduisent aussi progressivement leurs investissements dans le secteur du charbon thermique. D’après le rapport sur l’assurance et la finance durable de France Assureurs, à fin 2022, 7,8% des actifs des assureurs correspondent à des placements verts, soit 17% par rapport à fin 2021.

Les assureurs se sont organisés et ont lancé des initiatives afin de relancer l’économie notamment suite à la crise de la Covid. Les assureurs français ont également rejoint l’Observatoire de la finance durable en 2020, en s’associant avec les autres acteurs financiers de la Place de Paris, afin de montrer la transformation transparente et progressive du secteur vers une finance durable. En 2020, avec la Caisse des Dépôts, ils lancent le plan relance Durable France, afin d’aider les entreprises des secteurs particulièrement touchés par la crise de la Covid. Les assureurs ont investi 2,5 milliards d’euros dans ce programme, basé sur une sélection de critères extra financiers. Un peu plus tard, en 2021, un dispositif est mis en place afin de soutenir la croissance des entreprises engagées dans la transition écologique via le dispositif «Obligations Relance».

Après la COP28, le Crédit Agricole s’est engagé à ne plus financer de nouveaux projets d’extraction d’énergie fossiles, mais aussi à réduire de 75% le CO2 émis par les projets qui sont financés sur le pétrole et le gaz d’ici à 2030. Dans son rapport Climat & Biodiversité 2023, Axa publie des objectifs pour piloter la décarbonation de certaine de ses activités. Axa a ainsi annoncé sa volonté d’augmenter son activité d’assurance dans le domaine des énergies renouvelables, de la transition écologique, et développer des solutions durables pour les sinistres auto d’ici 2026.

CNP Assurances a dépassé les 2 des 3 objectifs que le groupe s’était fixé en 2015 pour 2024. CNP Assurances a par exemple diminué de 48,36% l’empreinte carbone du portefeuille actions obligations d’entreprise et infrastructure entre 2019 et 2022. Generali France, souhaite être le « champion » de la durabilité. Entre 2019 et fin 2022 l’empreinte carbone du portefeuille de Generali France a diminué de 48 % (scope 1 et 2).

Les limites de la finance durable

Même si la réforme du label ISR est une avancée, pour certains spécialistes de la finance durable « Cela ne suffira pas à faire bouger les lignes », explique Olivia Blanchard, présidente des AFR (Acteurs de la Finance Responsable). Ces nouvelles orientations ne devraient pas avoir un grand impact sur le stock des fonds certifiés ISR, car l’Europe n’est pas une zone très exposée au charbon, gaz et pétrole non conventionnels. Reclaim Finance estime que « les fonds dotés du label ISR risquent de continuer à financer l’aggravation de la crise climatique ».

D’après l’ONG, ne pas prévoir l’exclusion des entreprises qui continuent de développer des projets allant à l’encontre et étant incompatibles avec les objectifs climatiques français et internationaux du label ISR est une erreur et c’est aussi son plus grand défaut. Les nouveaux champs pétroliers et gaziers par exemple ne peuvent mener au scénario de neutralité carbone à 2050 en suivant la trajectoire de 1,5°C.

L’approche positive best in class du label ISR ne permet pas une bonne notation. En effet, une note moyenne peut toujours être obtenue même si une mauvaise note sur l’un des piliers est donnée. Une autre note peut rattraper la donne. Donc l’élimination des valeurs ayant les moins bonnes notes ESG est alors insuffisante. Une nécessité d’utiliser un autre système de notation qui prendrait en compte tous les piliers en mettant en avant toutes les notes, qu’elles soient positives ou négatives, est nécessaire. De plus l’approche positive, qui n’exclue aucun secteur permet aux entreprises d’investir en partie dans des secteurs polluants.

D’autre part, de nombreuses études académiques sur le sujet, pointent le fait que les fournisseurs de données des notes ESG d’entreprises peuvent différer les uns des autres sur une même entreprise, ou encore qu’il y ait une existence de notes ESG flatteuses basées sur d’éventuelles annonces des entreprises plutôt que sur le vrai déploiement de leurs stratégies de transformation. La nouvelle directive européenne CSRD, venant remplacer la NFRD, vise ainsi à harmoniser le système de notation. Certains évoquent un greenwashing sur ces sujets de finance durable, qui ne seraient en réalité que de la poudre aux yeux.

D’après une étude réalisée par Opinionway pour l’AMF, 34% des Français ont une bonne image des placements durables. Globalement, les épargnants de moins de 35 ans sont les plus friands de placements responsables. Cependant, cet intérêt pour la finance durable est teinté par une opinion sceptique face aux engagements des gérants. 69% des personnes interrogées y voient un argument de communication plutôt que d’une réalité, et 58% estiment que les placements responsables ne le sont jamais totalement. D’après l’ACPR sur la publicité des assureurs, « il y a un risque d’exposition de la clientèle à des pratiques d’écoblanchiment contrevenant à l’obligation de [lui] délivrer une information claire, exacte et non trompeuse ». Une réelle question se pose sur la crédibilité de l’offre de finance durable. Les différentes réglementations et mesures appliquées concernent essentiellement le reporting.

La notion d’impact prend son sens dans ce contexte. La finance durable est une avancée mais ne peut être une finalité telle quelle ; l’impact des entreprises sur l’économie et le climat reste à voir. La qualité des rapports est importante, mais un impact mesurable des opérations menées est nécessaire pour constater du verdissement de l’économie. Le ministère des Finances donne ainsi la définition de la finance à impact, elle consiste en une stratégie d’investissement qui vise à accélérer la transformation juste et durable de l’économie réelle en apportant une preuve de ses effets bénéfiques.

D’après l’étude de France Assureurs sur l’assurance et la finance durable sur les chiffres clés 2022, 2 milliards d’euros ont été investis dans une stratégie d’investissement à impact par 13 acteurs de l’assurance. Acteur de grande échelle, les assureurs sont pionniers sur le marché de la finance à impact. Les dernières réglementations y sont favorables et poussent les assureurs à anticiper les changements mais aussi à mesurer leur impact. La finance à impact est alors vue comme l’avenir de la finance durable.

Bien des changements et évolutions sont visibles en finance, mais la finance dite « durable » est encore en « construction ». Face aux changements climatiques, une approche quantifiable est nécessaire.

Je vous remercie pour votre attention et n’hésitez pas à nous proposer d’autres sujets pertinents pour nos prochains articles.

 

Sources :

L’Argus de l’assurance, Investissement responsable : les assureurs, moteurs de la finance à impact
L’Argus de l’assurance, Assurance et développement durable : un chantier conséquent mais nécessaire

L’Argus de l’assurance, Fonds labellisés : un engouement européen pour l’investisssement responsable qui ne se dément pas

France Assureurs, Assurance et finance durable, chiffres clés 2021

France Assureurs, Assurance et finance durable, chiffres clés 2022

Novethic, Evaluation du marché européen des labels de finance verte et solidaire, septembre 2022

Vie-publique.fr, Taxonomie européenne : la classification des activités économiques vertes en six questions

AMF, Le reporting de durabilité CSRD : se préparer aux nouvelles obligations

AMF, Quelles stratégies d’investissement se cachent derrière l’ISR ?

AMF, Comprendre l’investissement socialement responsable (ISR)

Observatoire de la finance durable, Qu’est-ce que la finance durable ?

Les Echos, Opinion | Normes extra-financières : pour une double matérialité

Les Echos, CAC 40 ESG : le nouvel indice boursier qui rassemble 40 entreprises socialement responsables

Les Echos, Assurance-vie : nos contrats sont-ils vraiment plus responsables ?

Les Echos, Le challenge d’une assurance-vie responsable

Les Echos, La route encore longue de la finance durable

Les Echos, La Commission européenne dévoile son Pacte vert

Les Echos, La taxonomie, un dictionnaire européen pour définir les activités « vertes »

Les Echos, Les jeunes générations, moteur de l’investissement responsable en France

Les Echos, Les spécialistes de la finance durable critiquent les propositions de refonte du label ISR

IFOP, Les Français et la Finance Responsable – vague 5

IFOP, Les Français et la Finance Responsable – vague 6

Novethic, Plus de 2 000 fonds labellisés aux promesses confuses

Nations Unies, L’Accord de Paris

Franceinfo, Climat : après l’accord de la COP28, Crédit Agricole annonce la fin de ses financements pour les nouveaux projets d’extraction d’énergies fossiles

AXA, AXA annonce de nouveaux objectifs de décarbonation et publie son rapport Climat & Biodiversité 2023

CNP, Engagement pour le climat et la biodiversité

Generali, Rapport développement durable 2022

La gestion du risque humain dans l’actuariat : l’importance des soft skills chez les managers

Dans le domaine dynamique de l’assurance, de la gestion des risques et de la data science, les actuaires occupent un rôle central grâce à leurs compétences techniques inégalées.

Au fil de leur carrière, certains ont l’opportunité d’accéder à des postes de management. Cette transition peut sembler intimidante, d’autant plus que l’image de l’actuaire est souvent associée à l’introversion. De plus, évoluer vers des responsabilités managériales ne repose pas uniquement sur la légitimité gagnée grâce à ses compétences techniques. En effet, cette métamorphose professionnelle, bien que prometteuse, se confronte à un défi majeur : l’écart souvent observé entre les compétences techniques et les compétences interpersonnelles. C’est dans cette perspective que cet article se propose d’explorer les compétences non techniques, ou « qualités interpersonnelles », indispensables pour les actuaires accédant à des postes de responsabilité managériale.

Nous allons explorer quatre compétences essentielles pour les actuaires assumant des responsabilités managériales : l’intelligence émotionnelle, la capacité à embrasser le changement, la communication et la pédagogie et la propension à l’apprentissage. Enrichi par les conseils éclairés de notre experte en recrutement Marie-Hélène Petit, notre article tente d’éclairer les actuaires en transition vers des postes managériaux sur l’importance cruciale de ces compétences. En comprenant et en intégrant ces aptitudes à leur arsenal professionnel, les actuaires-managers pourront ainsi mieux naviguer dans ce paysage professionnel en mutation, renforçant à la fois leur leadership et la performance de leurs équipes.

L’intelligence émotionnelle

Comme dans bien d’autres domaines, l’intelligence émotionnelle joue un rôle essentiel lorsque la gestion d’équipe est au coeur du métier.  Dans le domaine complexe de l’actuariat, de la gestion des risques ou encore de la data science, les managers doivent inspirer et motiver leurs équipes autour de sujets très techniques. Être en possession de compétences émotionnelles solides permet à ces derniers de comprendre les émotions et les besoins individuels des membres de l’équipe, renforçant ainsi les relations interpersonnelles et favorisant la cohésion.

En outre, l’intelligence émotionnelle permet une communication plus efficace entre le manager et ses équipes, car ce dernier peut adapter le style de la communication aux besoins émotionnels de chacun de ses collaborateurs. Cette qualité interpersonnelle facilite également la prise de décision car les aspects sociaux et émotionnels des différents membres de l’équipe sont pris en compte, générant ainsi des décisions répondant aux besoins de l’équipe.

Enfin, l’intelligence émotionnelle permet d’aborder les conflits avec constructivité dans un environnement professionnel en perpétuelle évolution, créant ainsi un environnement de travail sain et productif.

« Faire et faire faire, ce n’est pas la même chose. L’un concerne l’aspect technique du métier, et l’autre se concentre sur l’aspect humain. »

Pour Marie-Hélène, cette compétence amène à se poser la question des émotions. L’intelligence émotionnelle sert de baromètre afin de pouvoir mesurer dans quelle mesure les équipes sont disposées émotionnellement et motivées afin de pouvoir faire ce qu’il leur est demandé de faire. Selon Marie-Hélène, l’intelligence émotionnelle est également indispensable pour un manager d’équipe afin de s’adapter au profil de chaque membre de l’équipe, car cette dernière est constituée de profils techniques et de personnalités différents. L’objectif est de pouvoir mesurer cette différence pour adapter le traitement de l’équipe en conséquence.

Manager une équipe n’est pas inné pour tous mais en l’absence d’intelligence émotionnelle, il est difficile de bien gérer ses équipes car cette qualité favorise des relations harmonieuses, des décisions éclairées et une gestion professionnelle des défis interpersonnels au sein de l’équipe.

 

La capacité à embrasser le changement

La capacité à embrasser le changement semble être une qualité interpersonnelle essentielle dans un secteur où le changement et les nouvelles tendances sont monnaies courantes.  Cependant, le changement peut également venir d’une décision interne, comme lorsqu’il s’agit d’un changement organisationnel. C’est pourquoi, la capacité à embrasser le changement implique deux axes essentiels : l’adaptabilité et l’innovation.

Tout d’abord, l’adaptabilité est impérative dans le secteur de l’assurance. Les managers doivent dès lors être capables d’ajuster leurs stratégies et leurs approches en fonction des évolutions des tendances de l’industrie, des réglementations en vigueur, des technologies émergentes, mais aussi lorsqu’il est nécessaire de revoir la structure et l’organisation de l’équipe. Être ouvert et s’adapter au changement leur permet de modifier rapidement leurs plans et les processus pour s’aligner sur les nouvelles exigences et la nouvelle méthode de travail, assurant ainsi la pérennité et la flexibilité des équipes.

L’innovation est un autre pilier de cette capacité à embrasser le changement, qui est intimement liée au premier axe mentionné. Encourager une réflexion innovante au sein des équipes actuarielles favorise l’émergence de solutions créatives face aux défis émergents. Les équipes ouvertes aux nouvelles idées et méthodologies sont plus à même de trouver des approches novatrices, renforçant ainsi l’innovation au sein de l’équipe et la propension à trouver des solutions aux problèmes inédits qui se présentent à eux.

Selon Marie-Hélène Petit, le futur manager doit maintenir un équilibre instable, car il doit à la fois rassurer les équipes, assurer une continuité des activités et une pérennité opérationnelle tout en ayant une propension bien équilibrée au changement pour optimiser le potentiel de ses équipes et les amener à atteindre ses objectifs avec toutes les clés en mains. Il doit s’adapter à la nature du changement, qui peut être organisationnel ou conjoncturel, ou doit parfois même en être l’initiateur.

« Quand il y a un changement organisationnel au sein d’une équipe, par exemple lié au départ d’un collaborateur, le manager se doit d’impulser le changement. Il doit prendre en compte les membres de son équipe et avoir l’assertivité de dire que le changement doit être impacté. »

Combiner adaptabilité et innovation permet aux managers de garantir ainsi la réussite et la croissance continue de leur équipe dans un environnement professionnel en constante évolution.

 

La communication

Posséder de bonnes compétences en communication est une qualité très recherchée dans le domaine actuariel, et ce, pas seulement pour les futurs managers. Cependant, la capacité à communiquer clairement ne peut être sous-estimée, que ce soit envers les cadres supérieurs ou envers les équipes.

En effet, les managers d’équipes actuarielles sont les interprètes de données complexes pour des interlocuteurs non techniques. Il est dès lors nécessaire de pouvoir vulgariser et synthétiser des concepts techniques, que ce soit à travers des présentations orales, des rapports écrits ou des interactions quotidiennes pour divers audiences, y compris les membres de l’équipe, les cadres supérieurs et les clients.

« Il est souvent reproché aux actuaires ne pas assez structurer leur discours, de ne pas être assez synthétique dans leur communication. » nous explique Marie-Hélène.

« Être capable de s’adapter à son interlocuteur et être compréhensible et intelligible est primordial dans ce métier. Les interlocuteurs n’ont pas toujours les mêmes intérêts. Si l’on prend l’exemple des souscripteurs et des risk manager, leur langage respectif est différent. Tendanciellement, les uns ont une propension au risque et les autres en ont une aversion. Dès lors, il est nécessaire de concilier les deux et de s’adapter. »

Les managers d’équipes actuarielles doivent également faire preuve d’une bonne écoute et d’une bonne capacité à observer lorsqu’ils communiquent.

« Bien communiquer, dit Marie-Hélène, c’est 80% d’écoute contre 20% de parole. C’est contre-intuitif mais ça marche ! ».

Communiquer c’est aussi apprendre à poser des questions avant de former et formuler une opinion : « On oublie trop souvent que capacité à bien communiquer repose sur l’écoute, l’interrogation et l’investigation. Savoir communiquer clairement, c’est être capable d’écouter et de poser les bonnes questions. » confie Marie-Hélène.

Il est important de développer des capacités d’écoute active, qui se définit par une bonne capacité d’écoute et  d’observation du langage corporel de son interlocuteur et des réactions de ses interlocuteurs au moment où il communique un message.

La bonne communication d’un manager repose sur sa capacité à se faire le relais des strates hiérarchiques au-dessus et en-dessous de lui. Vers ses supérieurs, il doit  avoir la capacité à de collecter, sélectionner et synthétiser les informations reçues par les membres de son équipe et s’en faire le porte-parole et possiblement, en défendant ses collaborateurs et leur travail. Vers ses subalternes, le manager communiquant doit relayer les décisions, les expliquer et les incarnées.

La communication transparente et ouverte crée un lien puissant entre le manager et son équipe, favorisant un environnement où les idées sont partagées, les défis sont surmontés et les objectifs sont atteints.

 

La pédagogie et la propension à l’apprentissage

La pédagogie dans le contexte de la gestion d’équipes actuarielles revêt une importance cruciale pour favoriser l’apprentissage de celles-ci. Avant toute chose, le rôle d’un manager est de coacher et de former son équipe. Un des aspects sur lequel se focaliser consiste à donner la capacité à son équipe de grandir techniquement, en adoptant de nouvelles connaissances et compétences. Notre experte en recrutement, Marie-Hélène, relève quatre points clés liés à cette compétence.

Premièrement, lorsque l’équipe manque d’une certaine connaissance ou compétence technique et que le manager est expert dans ce domaine, ce dernier doit pouvoir fournir à ses membres les outils nécessaires pour que ces derniers puissent comprendre et acquérir ce savoir.

« Transmettre sa connaissance lorsque nous sommes experts d’un domaine et que cette connaissance manque à l’équipe, cela est primordial. »

Cependant, dans l’éventualité où il n’est pas le plus expert sur le sujet, il doit pouvoir s’entourer, au sein de son équipe d’experts, sur d’autres sujets que les siens qu’il peut valoriser et responsabiliser sur la montée en compétences des autres membres. Cela valorise les collaborateurs, favorise l’entraide, la transversalité du savoir et la diminution du risque opérationnel sur un sujet donné.

De plus, les managers d’équipes actuarielles sont amenés à travailler au sein d’équipes multidisciplinaires, qui implique de prendre en considération différentes perspectives, approches et connaissances techniques. Cette diversité implique de cultiver un environnement où les membres de l’équipe se sentent stimulés à partager leurs connaissances et à collaborer activement. De l’autre côté, le manager se doit de développer une forme de curiosité et se mettre à niveau à cet égard.

« Si on est à la tête d’une équipe de modélisateurs, on peut ne pas maitriser parfaitement tous les langages de programmation donc il est indispensable de s’actualiser. Il faut continuer à se former à minima et d’actualiser ses connaissances même sur le volet technique et même hors de sa zone de confort. »

Enfin, il est indispensable de pouvoir identifier les compétences précieuses de ses collaborateurs, et en saisir l’opportunité de les valoriser et de les faire fructifier. Comme nous l’explique Marie-Hélène, il est préférable de  considérer la force de proposition de quelqu’un. Il est avantageux de déceler, dans l’initiative du collaborateur, l’opportunité de faire grandir son équipe.

Être pédagogue se révèle être un atout majeur à ne pas négliger. La combinaison d’une pédagogie adaptée et d’une propension à l’apprentissage continue constitue un levier essentiel pour maximiser la performance des équipes actuarielles et assurant ainsi une expertise de pointe au sein de l’organisation.

 

En conclusion, nous avons exploré de manière approfondie quatre compétences humaines essentielles pour les actuaires accédant à des postes de gestion d’équipe. Chaque compétence citée fait écho au besoin que l’actuaire n’a pas naturellement dans ses connaissances métiers. En intégrant ces compétences non techniques à leur expertise technique, les actuaires en transition vers des postes managériaux peuvent cultiver un leadership holistique. Ceux-ci pourront ainsi guider leurs équipes avec empathie, promouvoir l’innovation, créer des environnements de travail inclusifs et maintenir leur compétitivité dans un secteur en constante évolution. En somme, l’équilibre entre compétences techniques et soft skills constitue la clé d’une gestion d’équipe fructueuse dans le domaine complexe de l’actuariat et de la gestion des risques.

 

Sources :